De mémoire des Services du Parlement, c’est tout à fait inhabituel. Le dernier discours d’un élu suisse devant un législatif étranger remonte à 2013, lorsque Filippo Lombardi s’était adressé au Sénat camerounais nouvellement créé.
"Je suis conscient qu'il est exceptionnel qu'un président d'une assemblée nationale d'un pays puisse s'exprimer devant l'assemblée de l'autre pays", a confié l'actuel président de la chambre du peuple à l'envoyé spécial de la RTS.
Plaidoyer pour la reconnaissance du génocide de 1915
Devant les élus arméniens, Dominique de Buman n'a pas hésité à plaider pour la reconnaissance du génocide de 1915. Il a aussi encouragé l'Arménie à poursuivre ses efforts vers la modernité, comparant longuement les institutions suisses et arméniennes. "La règle d'or reste l'Etat de droit, c'est-à-dire la séparation des pouvoirs", a-t-il notamment souligné.
Mais le président du Conseil national n’a pas pour autant le sentiment d’avoir donné une leçon de morale politique à un Etat étranger. "Ce n'est pas une question de leçon de morale politique", assure-t-il. "On pourrait dire inversément que si je n'avais évoqué que des sujets faciles, c'est que j'aurais été complaisant et à la botte d'un pays qui m'aurait invité."
Un pays sur le chemin de la démocratie
Le PDC fribourgeois voit en l'Arménie - ancienne république soviétique - un pays dont les institutions sont en très nette progression, mais qui "doit apprendre progressivement à venir vers les valeurs de démocratie."
Sur le plan économique, il estime que le pays doit se défaire de quelques carcans monopolistiques. Il y aura alors "plus de marchés, des prix plus corrects et plus de prospérité."
Dominique de Buman a prononcé son discours devant un hémicycle clairsemé: 50 députés arméniens étaient assis dans la salle du plénum, sur un total de 105. Ce sont surtout les députés de l’opposition, minoritaire, qui ont été sensibles au message de la Suisse.
Rouven Gueissaz/oang