L'ouvrage "Suicide. L’envers de notre monde", de Christian Baudelot et Roger Establet (Editions du Seuil, coll. "Points") montre qu'en 30 ans, ce taux a diminué d'un tiers dans les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Ce constat est valable également en Suisse, pourtant souvent considérée - à tort - comme un pays où l'on se suicide plus qu'ailleurs. Or, on ne s'y est jamais aussi peu suicidé depuis 1950, même si le taux est très légèrement remonté récemment. Avec 13 décès volontaires pour 100'000 personnes, il est dans la moyenne des pays européens.
Efficacité des traitements médicamenteux
Ce chiffre a régulièrement baissé depuis 1980, pour plusieurs raisons prioritairement d'ordre médical avec un développement très important en terme de médication. "On traite mieux les troubles qui sont le plus à même de provoquer des suicides" explique Stéphane Saillant, psychiatre au Centre d'urgence psychiatrique neuchâtelois. "On parle des dépressions en premier lieu, mais aussi des troubles bipolaires, de la schizophrénie. Et pour ces différents troubles, les traitements médicamenteux ont vraiment apporté une amélioration notable."
D'autres facteurs ont favorisé la baisse des suicides en Suisse, comme l’amélioration de l’accessibilité aux soins - en clair, on va plus facilement chez le psy qu'il y a 40 ans - les actions de prévention publique et le changement des mentalités: le suicide n'est plus un tabou, on ose aujourd'hui en parler.
Moins d'armes, moins de suicides
Une autre explication, surprenante, est liée à deux mesures introduites lors de la réforme de l'armée en 2004: il est désormais plus difficile de conserver une arme de service chez soi et l'âge maximal du service militaire obligatoire a été baissé de 40 à 30 ans. "Grâce à ces mesures d'Armée XXI, le nombre d'armes à disposition dans les foyers a diminué et cela a eu une conséquence positive sur le taux de suicide par arme à feu, notamment chez les hommes âgés de 30 à 40 ans", constate Yves Dorogi, infirmier et président du Groupe romand de prévention du suicide.
Le suicide par arme à feu en Suisse reste cependant trois fois supérieur à la moyenne européenne. La Confédération s'est fixé l’objectif de réduire d'un quart le nombre de suicides non assistés d’ici 2030.
Sylvie Lambelet/oang