L'initiative dite No Billag perd du terrain dans les intentions de vote. Si la votation avait eu lieu à la mi-février, 65% des Suisses auraient refusé ce texte, selon le deuxième sondage réalisé par l'institut gfs.bern pour la SSR. Un mois plus tôt, ils étaient 60% à dire non.
A l'inverse, 33% se déclarent favorables ou plutôt favorables à cette initiative qui vise la suppression du financement public de l'audiovisuel, en baisse de 5 points sur un mois. Seuls 2% des sondés ne se prononcent pas.
Les sympathisants de l'UDC restent majoritairement favorables à l'initiative (56%), mais leur soutien s'est érodé en un mois (-10 points). Les partisans des autres grands partis rejettent le texte: 86% de non chez les socialistes (+7), 85% chez les Verts (-3), 77% pour le PDC (+4) et 72% au PLR (+4).
Le non se renforce également chez les personnes sans affiliation partisane: 59% d'entre elles refusent l'initiative (+8), alors que 37% l'acceptent (-10) et 4% ne se prononcent pas.
Tendance inverse chez les italophones
Les Romands et les Alémaniques rejettent l'initiative dite No Billag dans les mêmes proportions. En Suisse romande, 64% des sondés se prononcent contre le texte (-3 points), tandis qu'ils sont 31% à l'accepter (+3) et 5% à demeurer indécis.
En Suisse alémanique, le non gagne du terrain, passant de 57% à 66%. A l'inverse, le soutien à l'initiative faiblit, perdant 7 points à 33%.
C'est chez les italophones que l'évolution est la plus marquée, avec un important renforcement du oui. En Suisse italienne, les intentions de vote s'affichent ainsi à 48% pour le oui comme pour le non. Il y a un mois, les opposants au texte avaient encore 40 points d'avance.
Pas de fossé des générations
Par ailleurs, le sondage ne met en évidence aucun fossé des générations, pourtant souvent évoqué dans les débats. Bien que la tendance au non soit de plus en plus nette à mesure que l'âge des sondés augmente, les différences sont minimes. Cette problématique, note gfs.bern, est dépassée par des considérations plus fondamentales telles que l'orientation politique.
Ainsi, les trois groupes d'âge pris en compte refusent tous nettement l'initiative: à 62% pour les 18-39 ans, à 66% pour les 40-64 ans et à 67% pour les 65 ans et plus. Le soutien au texte culmine à 35% chez les plus jeunes, contre 33% dans la classe d'âge intermédiaire et 31% chez les plus âgés.
L'idée selon laquelle la SSR devrait faire des économies (60% de sondés d'accord ou plutôt d'accord) ainsi que les critiques contre le paiement de la redevance par les entreprises (56%), jugé injuste, sont les deux arguments des partisans de l'initiative qui portent le plus.
Seule la redevance permet de financer une offre équivalente dans toutes les régions du pays: cette affirmation est l'argument des opposants qui convainc le plus (71%). Les craintes d'une perte de qualité (69%) et le risque d'une dépendance accrue envers les bailleurs de fonds privés (68%) font aussi mouche.
Le régime financier 2021 plébiscité
Egalement soumis au verdict des urnes le 4 mars, l'arrêté fédéral relatif au nouveau régime financier 2021 est approuvé par 74% des personnes interrogées, alors que 16% le refusent et 10% ne savent pas ou ne se prononcent pas, selon ce second sondage SSR.
Le oui recueille plus de trois quarts des intentions de vote chez les sympathisants du PDC (87%, -1 point), du PLR (85%, +10), des Verts (84%, +4) et du PS (78%, =). Les partisans de l'UDC (67%, +13) et les personnes non affiliées à un parti (67%, +8) sont à peine moins convaincus.
Si ces deux objets fédéraux avaient été soumis au peuple à la mi-février, la participation se serait élevée à 49%, note gfs.bern. Cette participation est estimée en baisse de 4 points par rapport à la première enquête publiée fin janvier, suivant la même tendance que la résonance médiatique du projet, précise encore l'institut.
Didier Kottelat
La méthodologie du sondage
Mandaté par la SSR, l'institut de recherche gfs.bern a réalisé le deuxième volet de son enquête d'opinion en vue de la votation du 4 mars 2018 entre le 7 et le 14 février auprès de 1400 titulaires du droit de vote sélectionnés de manière représentative.
La marge d'erreur est de +/-2,7 points de pourcentage.
Le sondage publié mercredi 21 février n'est pas une prévision, mais un instantané de la formation de l'opinion plusieurs semaines avant la fin des campagnes électorales, rappelle gfs.bern.