Le nouveau programme économique doit remplacer celui qui avait été adopté en 2006. La discussion qui a eu lieu à Altdorf est un "arrêt intermédiaire". Le document sera soumis au congrès de décembre prochain pour un débat et une adoption finale.
Le nouveau concept économique tente de répondre aux défis que représentent la numérisation de l'économie et la globalisation. Il essaie de trouver des moyens de concilier croissance et protection du climat, à l'aide de 18 thèses regroupées en trois thématiques: investissements, règles équitables et cogestion.
Les 18 plans de bataille
Dans le domaine des investissements, le PS veut des conditions de travail correctes, un fort pouvoir d'achat et des infrastructures modernes. Il envisage notamment de développer la formation, réduire le temps de travail, investir dans la recherche, établir des institutions financières stables et promouvoir le développement durable.
En matière de règles équitables, le parti veut imposer le revenu des sociétés, le revenu du capital et les opérations financières. Il demande une lutte contre l'évasion fiscale internationale et un affranchissement de la dépendance à l'égard des énergies fossiles. Il souhaite aussi renforcer le droit du travail et le partenariat social.
S'agissant de cogestion, le PS veut renforcer et développer les services publics, promouvoir une économie durable et organiser démocratiquement un commerce solidaire. Il souhaite aussi favoriser une communauté mondiale démocratique.
Aile réformiste et jeunesse socialiste
A Altdorf, l'aile réformiste sociale-libérale du PS a demandé par la voix du conseiller aux Etats zurichois Daniel Jositsch d'abandonner la rhétorique de lutte des classes. Elle souhaite faire adopter le principe de l'économie sociale de marché.
Pour les réformistes, le PS doit aussi prendre l'initiative en matière de numérisation. Le parti doit également s'efforcer d'éliminer certaines contradictions dans son positionnement face à la globalisation et au libre-échange.
La Jeunesse socialiste (JUSO) a aussi apporté sa contribution au débat. Elle souhaite que le parti n'abandonne pas la notion de dépassement du capitalisme. Les JUSO veulent aussi abolir la propriété privée et généraliser la cogestion dans les entreprises.
Limitation des salaires des patrons exigée
En ouverture de l'assemblée, le président du PS Christian Levrat a défendu "une vision large" du service public. "Il est temps de rappeler à la direction de nos entreprises publiques que leur objectif n'est pas la maximisation de leur profit."
L'objectif du service public doit être "la satisfaction des usagers, l'adhésion de la population, éventuellement la réduction des subventions requises", "pas les profits", "pas les bonus".
"L'affaire CarPostal" montre qu'il est essentiel de défendre l'idée du service public. Cette crise "doit sonner comme le retour du politique" dans la gestion des entreprises publiques. Christian Levrat a demandé une limitation des salaires et des bonus des patrons des ex-régies: un million pour le patron des CFF, un million pour la patronne de La Poste, c'est trop.
ats/kg/fme
Pour un accord institutionnel avec l'UE
Le PS est favorable à un accord institutionnel avec l'Union européenne (UE). "Nous avons en 2018 une fenêtre d'opportunité sérieuse pour négocier les détails de cet accord", estime Christian Levrat. Il ne faut pas abandonner le champ politique à l'UDC "et à ses fantasmes", a-t-il expliqué.
Le maintien des mesures d'accompagnement dans leur intégralité n'est pas négociable, selon le conseiller d'Etat. Pour lui, il n'est pas question que la protection des salariés suisses ou l'obligation d'annonce des travailleurs détachés soit remise en cause.
Alain Berset prône l'accompagnement politique de la numérisation
Présent à Altdorf, le président de la Confédération Alain Berset a estimé qu'il fallait analyser et bien accompagner politiquement les mutations engendrées par la numérisation.
La révolution numérique est en marche avec ses mythes et ses réalités, a déclaré samedi le conseiller fédéral. Elle comporte des chances, notamment dans le domaine de l'écologie. Mais il existe aussi des dangers, notamment une précarisation d'une partie de la population, a-t-il souligné. Pour Alain Berset, il est donc essentiel de combiner innovations et sécurité sociale.