Modifié

Les patrons d'entreprises publiques suisses ne sont pas les plus payés d'Europe

Tour d’horizon des salaires des dirigeants d’entreprises dont l’Etat est l’actionnaire principal
Tour d’horizon des salaires des dirigeants d’entreprises dont l’Etat est l’actionnaire principal / 19h30 / 2 min. / le 26 février 2018
Le plafonnement des salaires de patrons d'ex-régies fédérales suisses était en discussion lundi au Parlement. Ce débat fait rage dans toute l'Europe, et les salaires des dirigeants helvétiques ne sont pas les plus élevés.

"Aucun argument ne justifie que les dirigeants d'entreprises détenues par l'Etat soient nettement mieux rémunérés que les membres du Conseil fédéral, qui portent la responsabilité politique de ces sociétés."

L'auteur de cette phrase, le conseiller national Corrado Pardini (PS/BE), est à l'origine d'une motion réclamant le plafonnement à 500'000 francs par an des salaires des cadres de sociétés dont la Confédération est l'actionnaire majoritaire.

Le texte a été refusé lundi par le Conseil des Etats, mais le sujet n'est pas clos pour autant. Une autre initiative parlementaire visant à encadrer le salaire des patrons d'entreprises publiques est déjà en préparation.

Deux fois plus payés qu'un conseiller fédéral

Actuellement en Suisse, un conseiller fédéral gagne autour de 445'000 francs bruts par an, auxquels s'ajoute une indemnité forfaitaire annuelle de 30'000 francs.

A titre de comparaison, le directeur général des CFF Andreas Meyer a touché en 2016 une rémunération totale de près de 1,052 million. La directrice de La Poste Susanne Ruoff a, quant à elle, perçu près de 974'000 francs.

Sur ce montant, leur salaire fixe s'élève à environ 600'000 francs. Si certains jugent ces montants excessifs, ils se situent sous la moyenne de ce qui se pratique chez nos voisins européens (environ 800'000 francs annuels), et ce alors que le coût de la vie en Suisse est le plus élevé d'Europe.

En 2016, le patron de la Deutsche Post a, lui, perçu un salaire de base de plus de 2,2 millions de francs -un cas particulier toutefois car l'actionnariat est à moitié privé- tandis que le CEO de la poste italienne a empoché 1,2 million de francs de rémunération fixe.

Un plafonnement du salaire à 500'000 francs, comme le réclamait la motion rejetée lundi, classerait ainsi Susanne Ruoff et Andreas Meyer parmi les dirigeants d'entreprises publiques aux rétributions les plus "modérées", non loin de la France où les rémunérations des patrons du secteur public sont plafonnées à 450'000 euros (520'000 francs) depuis 2012.

La part variable peut doubler une rémunération

Rappelons toutefois que le salaire fixe est une chose, mais que la différence se fait dans la plupart des cas au niveau du reste de la rémunération: primes de résultats, indemnités...

En Belgique par exemple, où les revenus des patrons d'entreprises publiques sont également plafonnés à 650'000 euros (750'200 francs), les avantages extra-légaux en tous genres font grimper la rémunération totale du CEO de BPost, Koen Van Gerven, à plus de 950'000 francs.

>> Sujet traité dans le 19h30.

Pauline Turuban

Publié Modifié