En 2016, l'ouverture du marché iranien a poussé plusieurs Etats, dont la Suisse, à envoyer une délégation à Téhéran. Livia Leu, responsable des relations économiques bilatérales au Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) et déléguée du Conseil fédéral aux accords commerciaux, reconnaît que beaucoup y ont vu la promesse d'un eldorado.
"Ce n'était pas si rapide, mais les chiffres d'affaires sont dans un trend positif, pour nous comme pour d'autres pays européens", nuance-t-elle vendredi dans La Matinale de la RTS.
Selon l'ancienne ambassadrice à Téhéran, "les choses se sont améliorées, mais les banques restent un peu prudentes avec les développements aux Etats-Unis" et la menace du président Donald Trump de rétablir des sanctions envers la République islamique.
Le "timing" de Johann Schneider-Ammann
En 2016, Johann Schneider-Ammann, alors président de la Confédération, s'était rendu en Iran. Pour Livia Leu, "cette visite venait à un moment magnifique, quelques semaines après l'entrée en vigueur de l'accord nucléaire". "Il a pu convenir avec le président Rohani d'une feuille de route pour développer les relations entre la Suisse et l'Iran, dans lequel on parlait des relations économiques", précise-t-elle.
Elle ajoute qu'entre temps, "le Parlement a ratifié un accord de commerce bilatéral, entré en vigueur en mars 2017". Celui-ci a donné naissance à une nouvelle commission d'échanges irano-suisse, qui vise à doper les échanges commerciaux entre les deux Etats (voir encadré).
"Pas une politique d'industrie"
Mais la Suisse en fait-elle assez, lorsque l'on sait que la France envoie des ministres sur place avec des contrats d'Airbus ou de Peugeot? "La Suisse a une politique économique qui n'est pas une politique d'industrie. Elle favorise la création de conditions-cadres qui sont utiles pour nos acteurs économiques dans leurs propres comportements", répond Livia Leu.
"La Suisse est très connue, elle a une très bonne réputation de par sa neutralité et son engagement pour la paix, mais aussi pour la qualité de ses produits", ajoute-t-elle.
Elle précise que "l'Iran n'est pas membre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), mais que l'accord se base sur des principes importants de l'OMC, comme la non-discrimination (...) cela renforce la sécurité juridique pour nos acteurs économiques."
Propos recueillis par Romaine Morard
Adaptation web: Jessica Vial
Une nouvelle commission d'échanges irano-suisse
La Suisse et ses entreprises entendent intensifier leurs relations économiques avec l’Iran, avec pour enjeu 80 millions de potentiels consommateurs. Mais l'arrivée de Donald Trump complique ce rapprochement, car le président américain menace de rétablir des sanctions économiques contre Téhéran.
Pourtant, malgré ce climat d'incertitudes, une nouvelle commission irano-suisse s'est réunie pour la première fois fin février. Sa mission est, par exemple, de montrer aux entreprises suisses comment éviter les chicanes administratives iraniennes.
>> Les explications de Pietro Bugnon dans La Matinale:
Dialogue "réjouissant" entre la Corée du Nord et les Etats-Unis
Le leader nord-coréen Kim Jong Un a annoncé qu'il s'engageait à renoncer à son programme nucléaire. En Iran, les négociations avec le régime avaient ensuite pris des années. Cette annonce est-elle le début d'un long chemin?
"Il y a eu des négociations avec la Corée du Nord pendant des années aussi. C'est réjouissant de voir que le dialogue se développe", a réagi Livia Leu.
Le président américain Donald Trump a accepté jeudi une rencontre avec le dirigeant nord-coréen dans cette optique.