Selon le Syndicat des médias et de la communication (Syndicom), partenaire social chez CarPostal, sur près de 3700 chauffeurs de bus jaunes, plus de 20% échappent aux conditions de travail négociées avec la régie. En cause, le système de sous-traitance utilisé par CarPostal, selon le syndicat.
Depuis sa création, CarPostal externalise une partie de ses prestations. Cette démarche tout à fait légale consiste à mandater des privés pour réaliser certaines tâches. A l'heure actuelle, près de 170 entreprises exploitent plus de la moitié des lignes jaunes. Et depuis 2014, les sous-traitants sont soumis à un règlement négocié avec la régie et les syndicats pour s'aligner sur la convention collective de travail de La Poste.
40 entreprises concernées
Mais une quarantaine de ces entreprises privées échappent au règlement. Cela représente environ 400 chauffeurs dans toute la Suisse. Et à cela s'ajoute 400 autres chauffeurs, des auxiliaires employés par les sous-traitants signataires du règlement mais payés à l'heure.
Ces 800 chauffeurs sortent donc des conditions-cadres de travail avec des conséquences, notamment en termes de salaire, a expliqué Sheila Winkler, secrétaire syndicale Syndicom dans l'émission Forum de la RTS: "La différence de salaire est de l'ordre de 5000 et 10'000 francs par année pour ces chauffeurs".
Mais les inégalités ne touchent pas que le salaire. Le plan des horaires, les lieux de travail et les responsabilités en cas d'accident sont différents, relève le syndicat. La RTS a contacté plusieurs sous-traitants romands. Beaucoup n'ont pas souhaité s'exprimer, mais ceux qui ont accepté relativisent: "Nous offrons à nos employés les conditions du marché et la différence avec les chauffeurs engagés par CarPostal n’est pas importante," estime l’un d’eux.
CarPostal estime ne pas être responsable
Contacté par la RTS, CarPostal reconnaît l'existence de cette quarantaine d'entreprises non soumises au règlement mais estime ne pas être responsable de leur gouvernance interne et souligne qu'un contrôle est effectué pour assurer les minimums légaux.
Mais si Syndicom reconnaît la bonne volonté de plusieurs entreprises, des abus existent et le syndicat pose la question du bénéfice engrangé sur le dos des employés.
Syndicom estime que ces inégalités de travail ont profité à certains entrepreneurs et à CarPostal. Ce système doit donc être changé et réglé avec une CCT nationale, a encore relevé Sheila Winkler.
Coraline Pauchard et Julien Chiffelle/lan