Sans gouvernement depuis plusieurs mois, gouvernée par Madrid, isolée dans l’Union européenne, la Catalogne semble aujourd'hui dans l’impasse politique. Son président désigné continue de défier les autorités espagnoles alors que la tension n’a pas faibli depuis le référendum d’autodétermination organisé l’année dernière.
Carles Puigdemont est arrivé ce week-end en Suisse pour donner plusieurs conférences. Il était dimanche soir au Festival du film et forum sur les droits humains (FIFDH) à Genève, où il a débattu avec l'ancienne conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey.
Interrogée lundi dans l'émission Forum, la socialiste suggère quelques pistes pour une solution à la situation actuelle sans forcément passer par une médiation comme l'a proposé la Suisse. "En principe, une médiation suisse s'exerce quand les deux parties sont d'accord pour la demander", rappelle-t-elle, "ce qui n'est pas le cas jusqu'à aujourd'hui si je suis bien informée."
Un gouvernement séparatiste comme premier pas
Aujourd'hui professeur invitée à l'Université de Genève, Micheline Calmy-Rey estime que la question catalane ne peut se résoudre que par le dialogue et par la bonne volonté des uns et des autres. "Dans le cadre espagnol, je pense que le premier pas serait la constitution d'un gouvernement séparatiste - ils ont gagné les élections, ils ont la majorité au parlement - pour pouvoir ensuite parler avec Madrid. Mais est-ce que c'est possible entre Madrid et Barcelone? Je n'en sais rien."
L'ancienne présidente de la Confédération constate les crispations d'un côté et de l'autre. "La situation est difficile mais pas impossible", juge-t-elle cependant.
L'exemple de la Question jurassienne
En Suisse, rappelle la Genevoise, "on a résolu la Question jurassienne par un dialogue qui a duré des années, très longtemps, mais finalement une solution a pu être trouvée par ce biais-là. Et je pense qu'on ne pourra pas sortir du face-à-face actuel sans se parler (…) avec ou sans médiateur. "Je pense que c'est toujours une mauvaise idée que de refuser le dialogue."
Interview: Chrystel Domenjoz et Esther Coquoz
Adaptation web: Olivier Angehrn