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Un accord Suisse-UE sur l'électricité, "priorité pour l'approvisionnement"

Urs Gasche, avocat, membre du Parti bourgeois démocratique (BE). [Keystone - Gaetan Bally]
L'invité de Romain Clivaz – Urs Gasche, président des Forces motrices bernoises / L'invité-e de Romain Clivaz / 11 min. / le 21 mars 2018
Un accord entre la Suisse et l'Union européenne sur l'électricité est à nouveau sur la table du Conseil fédéral. Pour le président des Forces motrices bernoises, il s'agit d'une "priorité pour l'approvisionnement du pays".

"C'est une priorité pour l'approvisionnement du pays (...) il est très important de faire partie du système européen pour pouvoir équilibrer la production et les besoins en électricité", estime Urs Gasche, ex-conseiller national du Parti bourgeois démocratique (PBD) bernois et président des Forces motrices bernoises (BKW), invité mercredi de La Matinale de la RTS.

"Pour le moment, ce n'est pas très urgent pour nous, pour la branche, mais à long ou moyen-terme, c'est important pour l'approvisionnement du pays et pour le commerce de nos entreprises", estime-t-il. Et d'ajouter que "faire partie du marché européen permet d'utiliser notre production très flexible dans les hydrauliques et la vendre quand c'est demandé, à l'étranger aussi".

"Meilleure sécurité de l'approvisionnement"

Mais en quoi un tel accord serait-il utile aux citoyens, qui avaient refusé une libéralisation totale du marché il y a quelques années? "La conséquence principale, c'est que cela apporterait une meilleure sécurité de l'approvisionnement. Cela aura aussi des avantages pour les entreprises en Suisse: un marché plus grand, une meilleure flexibilité, et à moyen terme, de meilleurs prix", répond Urs Gasche.

Le but est-il de créer un agenda positif avec l'UE afin de faire passer la pilule des dossiers institutionnels? "Je crains qu'on ne voit pas l'importance car on n'a pas de problème pour le moment, juge le Bernois. Mais le jour où l'approvisionnement ne sera pas assuré, les Suisses auraient préféré avoir un accord avec l'UE avant d'être dans le sinistre".

Propos recueillis par Romain Clivaz

Adaptation web: Jessica Vial

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BKW, un groupe en bonne santé

Le géant électrique bernois BKW a su se diversifier, et cela s'est répercuté sur ses résultats. L'an dernier, il a dégagé un bénéfice net en progression de presque 16%. Mais BKW continue à produire de l'électricité, même de l'hydraulique qui ne rapporte rien.

"Ce n'est pas un miracle, c'est la modestie des Bernois. Nous avons vu que des problèmes allaient venir, la fin de vie de notre centrale nucléaire, la réduction des prix de l'électricité... nous avons réagi assez tôt et développé nos services", estime Urs Gasche. "Ce qui est important aussi, c'est le négoce. Nous essayons de vendre notre électricité au meilleur prix. C'est un engagement que nous avons pris il y a quelques années et c'est la raison pour laquelle nous allons un peu mieux que les autres".

En effet, les géants électriques suisses comme Alpiq ou Axpo ont connu des difficultés. Urs Gasche dit pourtant "ne pas craindre de conséquences terribles". "Les prix sont un peu plus élevés maintenant déjà (...). Comme toute la branche, ils ont eu une phase critique, mais je crois que le danger est un peu réduit maintenant".

La redevance hydraulique accentue les tensions plaine-montagne

Autre point crucial pour le marché électrique helvétique, la révision de la redevance hydraulique sera débattue au Parlement. Mais cette loi crée un nouveau champ de tension entre plaine et montagne. En effet, les exploitants de barrage en mains des grandes villes du Plateau veulent payer moins pour l’utilisation de l’eau.

Pour Urs Gasche, il est faux de voir cette question comme "un conflit". "Ce n'est pas le problème. Nous, les acteurs de la branche, nous acceptons qu'il est important de ne pas supprimer ces redevances hydrauliques. Mais il faudrait chercher un chemin plus équilibré..."

"Pour l'instant, nous payons 1,06ct par kilowatt/heure, contre environ 4 centimes par kilowatt/heure sur les marchés internationaux de l'électricité. Cette redevance est une partie très importante si l'on veut garder la production hydraulique, qui est renouvelable et très importante pour l'économie suisse", ajoute l'ancien conseiller national bernois.

>> Les précisions sur les dossiers qui font monter la tension entre le Plateau suisse et les régions alpines dans La Matinale: