Le ministre suisse des Affaires étrangères et son homologue chinois ont inauguré mardi à Pékin le premier dialogue stratégique entre la Suisse et la Chine. Au centre des discussions: des questions économiques et géostratégiques, dont les nouvelles routes de la Soie.
Cette initiative prévoit de relier la Chine à l’Europe occidentale par différents tracés à travers le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Arctique. Il s'agit d'un projet pharaonique de routes, de lignes ferroviaires, de voies maritimes et d’installations énergétiques.
J'ai réitéré le soutien de la Suisse au fait de vouloir jouer un rôle.
"La Suisse a déclaré son intérêt pour ce projet", confirme Ignazio Cassis dans une interview pour l'émission Forum mardi. "Elle n'a pas encore dit exactement dans quelle mesure et à quelles conditions - c'est une discussion qui a lieu actuellement au Conseil fédéral - mais j'ai réitéré le soutien de la Suisse au fait de vouloir jouer un rôle."
Le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) précise cependant qu'il est impératif pour le gouvernement de définir des standards élevés en matière de protection environnementale, sociale, de bonne gouvernance ou de lutte contre la corruption, notamment. "Donc il s'agit de voir si on dit la même chose. Et si oui, qui va contrôler tout cela."
Garanties écrites via un mémorandum
Ignazio Cassis assure que ses interlocuteurs "sont absolument ouverts à considérer et définir des standards élevés par rapport à ces valeurs", même si ces standards doivent s'adapter aux attentes dans chaque pays. "On ne va certainement pas définir des standards suisses dans un pays en voie de développement, ce serait absurde", précise le ministre PLR. Ce dernier précise que tout cela figurera par écrit dans un mémorandum avec Pékin, dont une première version pourrait être prête l'été prochain.
La Suisse est l’un des rares pays occidentaux à adopter une telle position. Car le projet suscite la méfiance de plusieurs gouvernements, qui redoutent une initiative unilatérale de Pékin: des investissements massifs fait par les Chinois et bénéficiant avant tout aux Chinois.
L'Union européenne se méfie des investissements chinois
L’Union européenne a ainsi adopté en automne 2017 un mécanisme pour passer en revue les investissements de la Chine. En février dernier, la chancelière allemande Angela Merkel a mis en garde contre l’influence croissante de la Chine dans l’arrière-cour européenne, alors que le président français Emmanuel Macron a appelé de son côté à une Europe forte et unie pour contrebalancer le pouvoir grandissant de Pékin.
Dans ce contexte, la Suisse tranche par sa position affichée d’ouverture. Car la Confédération semble déterminée à se placer aux avant-postes, même si les détails et les conditions de la coopération avec Pékin doivent encore être discutés.
Nous avons une relation privilégiée et nous entendons garder ce privilège.
"Nous avons joué un rôle de pionnier avec la Chine", rappelle Ignazio Cassis. Nous sommes le seul pays continental à avoir un accord de libre-échange, donc nous avons une relation privilégiée et nous entendons garder ce privilège puisque c'est un avantage compétitif que nous avons justement face à l'Allemagne et à la France."
Ce soutien affiché est un signal très positif pour les autorités chinoises, qui vendent non seulement un projet économique mais aussi un vrai concept de "soft-power": c'est un moyen pour la Chine de véhiculer ses valeurs.
Les nouvelles routes de la Soie, symbole du modèle chinois
Le président chinois Xi Jinping veut vendre son modèle de développement comme une alternative à celui des démocraties occidentales. Et cette stratégie passe notamment par son grand projet de nouvelles routes de la Soie. Il tient à montrer la compatibilité du système chinois - basé sur un Etat fort, autoritaire, centralisé - avec le système global.
Dans ce contexte, le soutien de la Suisse - démocratie par excellence - serait une vraie victoire d’étape pour la Chine. Reste à voir maintenant sous quelles conditions Berne confirmera son engagement.
Michael Peuker/oang
Doris Leuthard signe un accord aérien au Vietnam
Autre ministre suisse en Asie, la conseillère fédérale Doris Leuthard et le ministre vietnamien des Transports Nguyen Van The ont signé mardi à Hanoï un nouvel accord aérien entre la Suisse et le Vietnam.
En vigueur depuis 1981, le précédent accord n’est aujourd'hui plus conforme aux exigences de l’aviation civile internationale et devait donc être remplacé. Les entreprises de transport aérien des deux pays pourront désormais opérer sans limitations des vols directs entre la Suisse et le Vietnam.
Ueli Maurer va parler économie au Japon
Le conseiller fédéral Ueli Maurer s'en va quant à lui effectuer mercredi une visite de travail au Japon. Le ministre des Finances doit y rencontrer son homologue nippon Taro Aso.
Les deux ministres discuteront des perspectives de l’économie mondiale et de l’évolution de la conjoncture en Asie et en Europe, a indiqué mardi le Département fédéral des finances (DFF). Ils parleront également de la présidence japonaise du G20, qui interviendra l'an prochain.