Il y a quatre ans, les jeunes entre 15 et 25 ans étaient encore 56% à se dire intéressés par la politique suisse. Un chiffre qui a chuté à 43% en 2017, relève l'enquête de gfs.bern menée pour le compte de la Fédération suisse des parlements des jeunes (FSPJ).
"Cela montre que l'on doit encore continuer à travailler malgré le fait qu'Easyvote existe depuis 10 ans (...) Depuis plusieurs générations, il y a une défiance de la part des jeunes ou un manque d'intérêt et de participation en politique", a indiqué dans Forum lundi Barry Lopez, porte-parole romand d'Easyvote, programme de la FSPJ pour encourager les jeunes à participer aux votations et aux élections.
L'intérêt pour la politique internationale a, lui, connu une croissance en 2016 - de 48% à 52% - lors de la campagne présidentielle américaine et l'élection surprise de Donald Trump. Il s'est ensuite retassé à 48% l'an dernier.
Education politique en question
Sur le plan scolaire, des efforts restent à faire en matière d'éducation politique, à en croire l'étude. Plus de 55% des Romands disent avoir peu ou rien appris dans ce domaine. Côté alémanique, 61% des jeunes estiment au contraire que l'école leur a apporté un éclairage sur la politique.
Perte de confiance dans les médias
La folle campagne aux Etats-Unis et la multitude de fausses informations qu'elle a générées semblent avoir affecté la confiance des jeunes Suisses envers les médias. Seuls 17% des personnes interrogées disent avoir confiance en ces derniers en matière d'information politique. Les journalistes sont ainsi relégués en queue de peloton, derrière les patrons et les politiciens.
A l'inverse, c'est le Conseil fédéral qui inspire le plus confiance avec un taux de plus de 50% d'opinions favorables. Résultats: les jeunes s'informent de moins en moins fréquemment sur des thématiques politiques, relève l'enquête.
Activisme numérique
Malgré ces résultats, il semble exagéré de parler d'une dépolitisation générale. Les personnes interrogées reconnaissent en effet très majoritairement que la politique présente une grande utilité pour l'avenir.
Deux tiers des jeunes voient des opportunités de participations avec des outils en ligne: l'étude montre qu'ils préfèrent signer des pétitions sur internet que dans la rue et qu'ils privilégient WhatsApp plutôt que les arrières salles des bistrots pour les discussions politiques.
Stéphane Deleury et Mathieu Henderson
La méthodologie du sondage
Mandaté par Easyvote, l'institut de recherche gfs.bern a réalisé son enquête d'opinion durant les mois d'octobre et novembre 2017. Au total, 1271 élèves d'un âge moyen de 18 ans ont été interrogés.