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Des membres du lobby des armes Pro Tell inquiets de sa radicalisation

Capture d'écran du logo de la société Pro Tell. [Facebook]
Des membres du lobby des armes Pro Tell inquiets de sa radicalisation / Forum / 3 min. / le 12 avril 2018
Le lobby des armes Pro Tell, sous la direction ad interim du conseiller national UDC valaisan Jean-Luc Addor, se serait radicalisé aux yeux de certains de ses membres. Les critiques proviennent du coeur même du lobby.

Certains des membres de Pro Tell, composé de défenseurs des armes, mais aussi de chasseurs ou de collectionneurs d'armes, regardent d'un mauvais oeil ce qu'ils estiment être un virage à droite, selon l'enquête menée par la RTS. La situation a même mené à la démission de Pro Tell d'une conseillère nationale UDC.

Aux yeux du conseiller d'Etat valaisan et chasseur Christophe Darbellay, Pro Tell défend désormais un "droit à la texane", auquel il ne peut pas s'identifier. L'élu valaisan fait référence à l'initiative parlementaire, retirée depuis, du conseiller national UDC Jean-Luc Addor.

Le texte demandait le droit pour tout à un chacun de pouvoir porter une arme dans l'espace public afin d'assurer sa propre sécurité, à condition d’avoir suivi une formation. Le soutien du comité de Pro Tell à cette demande représente concrètement le genre d'action qui dérange.

Direction ad interim trop radicale

Il y a bientôt un an, Pro Tell a vécu ce que certains membres qualifient de putsch. Le nouveau président élu n'a tenu que huit mois. Depuis février, Jean-Luc Addor assure l'interim, mais il admet qu'il n'obtiendra pas les soutiens pour le porter à la présidence. Le fait qu'il ne soit pas alémanique serait en cause, selon lui.

Pro Tell se trouve donc sans tête et l'élection d'un président n'est pas au programme de son assemblée générale, qui se tiendra samedi. Entre les accusations de radicalisation et les lendemains de crise à gérer, le lobby est devenu délicat à diriger.

Mauvais timing

Cette situation arrive au mauvais moment, Pro Tell doit s'engager dans la lutte contre la reprise de la directive européenne sur les armes à feu. Les troupes semblent dispersées à la veille de leur plus grosse bataille.

Parmi les anciens alliés de Pro Tell sur cette question, figuraient des parlementaires PLR, dont le conseiller aux Etats uranais Joseph Dittli. Il a lui aussi pris ses distances, jugeant Pro Tell trop radical et regrettant que le lobby des armes se retrouve sans président à cet instant précis.

Muriel Ballaman/lgr

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Nombre de membres en forte hausse

Dans ce climat de tensions internes, le lobby a néanmoins vu le nombre de ses membres augmenter. Selon son secrétaire général, le lobby comptait moins de 9000 membres en juillet dernier. Leur nombre est passé à plus de 12'000 actuellement.

Cette augmentation ne suffit pas à Pro Tell, qui vise les 20'000 membres d'ici la fin de l'année. Le lobby est en pleine campagne de recrutement. Certains parlementaires ont confié à la RTS avoir reçu une demande d'adhésion, accompagnée d'un bulletin de versement pour les 50 francs de cotisation. Le MCG Roger Golay l'a payée, tandis que le PLR Olivier Français l'a jetée.

Pro Tell a par ailleurs bénéficié d'un coup de pub en fin d'année dernière, lorsque le conseiller fédéral Ignazio Cassis avait adhéré au lobby quelques semaines avant son élection, pour démissionner quelques jours après.