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La Suisse et l'OIAC rejettent les propos de Lavrov sur le labo Spiez

Le Laboratoire Spiez, dans l'Oberland bernois, a pris part à de nombreuses missions internationales pour soutenir les efforts de désarmement et de contrôle des armements. [KEYSTONE - Lukas Lehmann]
Le Laboratoire Spiez a pris part à de nombreuses missions internationales pour soutenir les efforts de désarmement et de contrôle des armements. - [KEYSTONE - Lukas Lehmann]
L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a rejeté mercredi les accusations russes faisant état de manipulation d'analyses suisses dans l'affaire Skripal. La délégation suisse a aussi fait part de son "incompréhension".

Le Laboratoire Spiez s'est retrouvé au centre d'une tourmente diplomatique samedi à la suite de déclarations de Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères.

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Le chef de la diplomatie russe avait affirmé que le laboratoire suisse - dépendant de la Confédération - avait retrouvé des traces de BZ, une substance "jamais utilisée par la Russie", lors de ses analyses des échantillons prélevés à Salisbury, en Angleterre, où ont été empoisonnés l'ex-espion Sergueï Skripal et sa fille début mars.

Sergueï Lavrov soutenait que le BZ n'était pas mentionné dans un rapport de l'OIAC. "Nous nous demandons pourquoi cette information, qui reflète les conclusions des spécialistes du Laboratoire Spiez, a été omise dans ce document", avait-il dénoncé.

Du BZ présent... dans des échantillons de contrôle

Cette version russe a été démentie ce mercredi lors d'un Conseil exécutif de l'OIAC qui s'est tenu à La Haye, selon des procès-verbaux publiés sur internet.

"Le BZ dont il a été fait état dans des déclarations publiques (...) était contenu dans l'échantillon de contrôle préparé par le laboratoire de l'OIAC. (...) Cela n'a rien à voir avec les échantillons collectés par l'équipe de l'OIAC à Salisbury", a affirmé Marc-Michael Blum, chef du laboratoire de l'OIAC et de l'équipe d'assistance technique déployée au Royaume-Uni.

Des déclarations russes "inacceptables" pour la Suisse

La délégation helvétique présente lors de cette réunion a également pris la parole pour exprimer l"incompréhension" du gouvernement suisse "suite à (la) déclaration russe".

"Qu'une telle déclaration ait pu être faite est pour nous incompréhensible. De telles actions affaiblissent la crédibilité et l'intégrité de cette organisation et sont absolument inacceptables", a affirmé Nadine Oliverio Lozano, représentante suisse auprès de l'OIAC.

Traces de Novitchok retrouvées

L'OIAC a annoncé jeudi dernier que les analyses en laboratoire "confirment les découvertes du Royaume-Uni quant à l'identité de l'agent chimique toxique utilisé à Salisbury".

L'OIAC n'a cependant pas nommé publiquement la substance en cause qui, selon Londres, était un agent neurotoxique de type novitchok, de conception soviétique. L'organisation n'a pas non plus établi de responsabilités dans cette affaire.

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Cet empoisonnement a provoqué une grave crise diplomatique entre Moscou d'un côté et Londres et ses alliés occidentaux de l'autre.

Marc Renfer avec agences

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