Le conseiller fédéral chargé des Affaires étrangères Ignazio Cassis et son homologue espagnol Alfonso Dastis s’entretiendront à la mi-journée lundi, avant de poursuivre leur discussion à l'occasion d'un dîner. Si la Suisse et l'Espagne entretiennent depuis de nombreuses années de bonnes relations bilatérales, la question de l’indépendance de la Catalogne pourrait bien assombrir un peu le tableau.
Ignazio Cassis pourra en effet difficilement éviter le sujet. Au moins deux indépendantistes catalanes ont trouvé refuge à Genève. L'une d’elles est sous le coup d’un mandat d’arrêt international, accusée par Madrid de rébellion, et risque jusqu’à 30 ans de prison.
Appel à la fermeté
Alfonso Dastis rappellera sans doute à Ignazio Cassis qu’il compte sur la collaboration de la Suisse pour procéder à son arrestation.
Pour le conseiller national Mathias Reynard (PS/VS), coprésident du groupe d’amitié parlementaire Suisse-Catalogne, la Confédération doit faire preuve de fermeté.
"La Suisse doit réitérer sa proposition de jouer un rôle de médiateur dans cette crise. Et elle doit surtout rappeler avec fermeté ses principes: on refuse systématiquement les demandes d'extradition dès lors qu'il s'agit de réfugiés politiques, ce qui est le cas ici. Ignazio Cassis doit maintenir sa position et ne rien céder, même si les pressions espagnoles sont extrêmement fortes", estime-t-il.
Position de retrait
Le ton musclé de Mathias Reynard tranche avec celui de sa collègue de parti, la Vaudoise Rebecca Ruiz. La coprésidente de l'intergroupe parlementaire Suisse-Espagne préfère que la Confédération reste en retrait.
"Jusqu'à maintenant, lorsqu'il était interpellé sur le sujet, le Conseil fédéral a toujours dit que la question catalane était interne à l'Espagne, et qu'elle devait se résoudre de manière interne", souligne-t-elle. "Je doute beaucoup qu'Ignazio Cassis prenne aujourd'hui ses distances par rapport à la position qui était la sienne jusqu'à présent."
Pietro Bugnon/kkub