Malgré les vives critiques adressées à l'encontre de l'initiative Monnaie pleine qui veut que la Banque nationale suisse (BNS) soit le seul institut à produire de la monnaie, "ses auteurs sont sérieux et raisonnables, même s'ils ne sont pas issus du milieu de la politique", souligne Denis de la Reussille en préambule dans La Matinale.
Questionné sur le risque que l'initiative pourrait faire courir à la Suisse, Denis de la Reussille souligne qu'un peu de "modestie des milieux bancaires ferait du bien, c'est eux qui nous ont mené en 2008 tout près d'une catastrophe mondiale, d'une crise financière jamais vue depuis quasiment un siècle".
Le conseiller national pointe du doigt la spéculation massive à laquelle se sont livrées les grandes banques "too big to fail", trop grandes pour être laissées en faillite. Pour lui, l'initiative Monnaie pleine pourrait aussi réguler cette "fuite en avant spéculative".
Des sécurités encore insatisfaisantes
Même si des régulations ont été introduites, même si les fonds propres obligatoires pour les banques ont été augmentés suite à la crise de 2007-2008, Denis de la Reussille estime qu'il n'y a pas encore assez de sécurité et bat en brèche un argument des opposants: "Alors que les milieux bancaires évoquent comme inconvénient de cette initiative un problème de rentabilité des banques, on voit que PostFinance, sans licence bancaire, peut obtenir des bénéfices de 500 à 600 millions par année."
Pour lui, les banques privées pourraient continuer à faire des placements et de la gestion de fortune, des activités très rentables.
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Une initiative "un peu utopiste"
"Cette initiative ne prétend pas résoudre tous les problèmes, elle paraît peut-être un peu utopiste", ajoute le Neuchâtelois. "Mais elle a le mérite de poser des questions essentielles, notamment sur le rôle des grandes banques dans notre pays."
Très faiblement soutenue au Conseil national (notamment par l'élu popiste et deux UDC), et unanimement refusée aux Etats, ce texte n'a-t-il rassemblé que des extrêmes? "Ce qui me réjouit, c'est qu'il y ait encore neuf élus qui ont encore suffisamment d'indépendance d'esprit et de curiosité pour prendre un peu de temps et réfléchir, y compris à des textes qui peuvent paraître utopistes".
Propos recueillis par Romain Clivaz
Adaptation web: Eric Butticaz