"Comment des fonctionnaires de la Confédération ont-ils pu autoriser l'exportation d'un produit comme ça en Syrie, alors que le régime de Bachar al-Assad venait d'utiliser des gaz contre sa propre population? C'est inadmissible", s'étrangle le conseiller national PS Roger Nordmann jeudi dans le 19h30.
L'exportation d'isopropanol par la Suisse en 2014 était légale et rien n'indiquait que ces livraisons puissent servir à un programme d'armement, avait réagi mardi le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO), suite à la révélation de l'affaire par la RTS.
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Examiner en détail ce qu'il s'est passé
"Cette réponse du SECO est un scandale dans le scandale", se fâche Roger Nordmann, rappelant que le régime Assad avait déjà utilisé du gaz sarin en 2013. "La communauté internationale avait fait tous les efforts pour priver la Syrie de ces gaz en les détruisant sur un bateau dans la Méditerranée. Il ne fallait pas relivrer au régime Assad de l'isopropanol qui permettait de refaire du gaz."
Il faudra que Monsieur Schneider-Ammann se justifie
Pour le Vaudois, la question n'est pas seulement administrative, elle est aussi politique: "Il faudra que Monsieur Schneider-Ammann (le conseiller fédéral en charge de l'Economie, ndlr) se justifie. C'est le SECO qui donne les autorisations et c'est le Département des affaires étrangères qui s'y oppose le cas échéant."
Le chef du groupe parlementaire socialiste a déjà annoncé qu'il allait demander à la commission de gestion du Conseil national d'examiner "en détail" ce qu'il s'est passé dans ces deux départements.
Contourner un embargo
L'indignation est tout aussi virulente chez Les Verts. Pour la conseillère nationale genevoise Lisa Mazzone, ce type d'exportations n'est pas une question économique, mais relève des affaires extérieures.
Le Parlement doit formuler des recommandations
"Le Parlement doit d'abord tirer au clair ce qu'il s'est exactement passé: si le cadre légal a réellement été respecté, si le Département fédéral des affaires étrangères a été consulté. Et dans un deuxième temps, il doit aussi, à mon avis, formuler des recommandations", préconise l'écologiste. Selon elle, ces inquiétudes seraient partagées sous la Coupole à Berne, au-delà de la gauche.
Quant à la gravité de l'exportation d'une "petite" quantité d'un produit somme toute assez courant, Roger Nordman répond: "Le fait que le régime syrien a essayé d'importer de l'isopropanol de plusieurs pays en petites quantités montre exactement qu'il a essayé de contourner un embargo."
Le Conseil fédéral n'a pas souhaité répondre aux questions de la RTS. Mais il devra répondre à celle du Parlement.
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Sujet TV: Loïs Siggen lopez
Adaptation web: Feriel Mestiri