La nouvelle loi sur les jeux d'argent prévoit que les casinos suisses puissent proposer des jeux d'argent en ligne, tels que la roulette, le poker ou le blackjack. Les fournisseurs étrangers de jeux en ligne seraient en revanche bloqués pour les utilisateurs suisses afin de protéger les casinos nationaux.
Pour ses partisans, le but de la loi est de mieux protéger les joueurs et de favoriser les exploitants légaux basés en Suisse. Mais un référendum a été lancé par les jeunesses des partis allant des Verts à l'UDC, qui voient dans ce texte une grave atteinte à la liberté économique et d'information. Le texte a abouti en récoltant quelque 60'000 signatures et le sort de la loi se jouera dans les urnes.
Prévention, modernisation et réglementation
Adoptée par le Parlement à une nette majorité en septembre 2017, la nouvelle loi est aussi soutenue par le Conseil fédéral. Pour la ministre Simonetta Sommaruga, la loi a notamment pour but de renforcer la protection contre le jeu excessif et les risques de dépendance liés à cette pratique. En cas de oui, la nouvelle législation sera l'une des plus strictes en Europe en matière de prévention des addictions.
Les partisans estiment que les jeux d'argent ne sont pas des biens comme les autres et qu'ils peuvent être détournés à des fins de blanchiment d'argent ou comporter des risques de fraudes. Il faut donc les réguler de manière stricte.
Il s'agit aussi de mettre fin à la fuite des gains, ajoutent-ils, estimant que 250 millions échappent d'ores et déjà au bien public en s'écoulant sur des sites étrangers offrant des jeux en ligne interdits en Suisse.
Derrière ce vote se cache aussi une question financière. Car, selon un article constitutionnel accepté par le peuple en 2012, la loi garantit que le produit des jeux d'argent soit affecté à l'AVS-AI et à des organismes d'utilité publique, qu'ils soient d'ordre sportifs, culturels ou sociaux. L'idée est donc de maintenir un marché des jeux d'argent certes modernisé, mais toujours réglementé par l'Etat.
Les jeunes au front contre la loi
A l'origine du référendum, les jeunesses du PLR, des Vert'libéraux et de l’UDC partent renforcées au combat. Outre les Jeunes Verts déjà acquis à la cause, les Jeunes socialistes et le PLR prônent désormais le refus de la loi. L'UDC a décidé de laisser la liberté de vote.
Ironie du sort, alors que la loi se veut une adaptation du marché des jeux d'argent à l'ère numérique, ce sont surtout les jeunes qui la combattent. "Sans parler des aspects techniques qui vont poser problème, c'est un message discutable qui va potentiellement tendre à des dérives sur internet", estime Kevin Morisod, co-président des Jeunes Verts suisses, interrogé dans le 19h30.
Selon l'alliance des opposants, la nouvelle loi est dangereuse car elle permet une censure d'internet et rendra l'isolement numérique acceptable. Les start-ups seront découragées et la compétitivité chutera. La Suisse a besoin de règles intelligentes et libérales, estiment-ils.
Les opposants estiment en outre que les casinos suisses ne devraient pas avoir le monopole des jeux d'argent sur internet et jugent que le blocage des fournisseurs étrangers pourra être aisément contourné.
boi avec ats