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Les EMS administrent-ils trop de médicaments à leurs résidents?

EMS: huit résidents sur dix prennent des psychotropes
EMS: huit résidents sur dix prennent des psychotropes / 19h30 / 3 min. / le 30 avril 2018
Les résidents en EMS prennent-ils plus de pilules que nécessaire? Plusieurs études montrent l’ampleur de la médication en EMS et des soignants dénoncent une surmédication de confort.

Un résident en EMS prend en moyenne 9,3 pilules par jour, contre 5,6 pour le reste de la population suisse de plus de 65 ans, révélait en 2017 un rapport de l'assureur Helsana.

Or, plus le nombre de médicaments augmente, "plus le cocktail devient explosif avec des risques d’interaction et donc davantage d’hospitalisations", explique lundi dans le 19h30 de la RTS Olivier Bugnon, pharmacien en chef du CHUV.

Un résident sur deux sous antidépresseurs

Si les médicaments administrés sont souvent des antidouleurs, un résident sur deux est sous antidépresseurs, selon une récente étude de la Policlinique médicale universitaire de Lausanne.

Une aide-soignante interrogée par la RTS dénonce une surmédication par facilité:  "Lorsque des personnes crient ou appellent sans arrêt, elles dérangent le personnel et les autres résidents, alors on leur donne des médicaments plutôt que de les accompagner."

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Les institutions se défendent de telles pratiques. "Ici, nous évaluons la pertinence du traitement dès l'entrée du patient, avec le pharmacien et l'infirmier. Nous ne donnons pas de neuroleptiques par confort", assure Eric Mennen, directeur des soins à la Fondation Pré-Pariset, dans le canton de Vaud.

Contrer la surmédication

Selon un sondage de la Fondation suisse pour la sécurité des patients auprès du personnel soignant, plus de 50% des établissements interrogés estiment utiliser plus de médicaments que nécessaire, et 30% des EMS n’ont aucune politique de réduction de la médication.

Pour contrer ce phénomène, les cantons de Vaud, du Valais et de Fribourg ont mis en place en 2010 des "cercles de qualité" qui réunissent médecins, pharmaciens et infirmières afin d’optimiser la médication.

Les premiers résultats montrent une légère baisse de la prescription de psychotropes (-2%). En revanche, aucun canton n’a réellement mis en place une politique de "surveillance de la médication" avec, par exemple, des contrôles inopinés.

Enquête TV: Jérôme Galichet

Adaptation web: Mouna Hussain

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