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Les fournisseurs d’accès internet sont contre la loi sur les jeux d’argent

La nouvelle loi sur les jeux d'argent bloquera l’accès aux casinos en ligne étrangers. [Keystone - Gaetan Bally]
Les fournisseurs d’accès internet sont contre la loi sur les jeux d’argent / La Matinale / 1 min. / le 3 mai 2018
Les fournisseurs d’accès internet ne veulent pas de la nouvelle loi sur les jeux d’argent, sur laquelle les Suisses voteront le 10 juin. Ces entreprises dénoncent un texte liberticide et compliqué à mettre en œuvre.

Ces fournisseurs sont au cœur du dispositif de blocage prévu par cette nouvelle loi, c'est pourquoi plusieurs organisations faîtières de la branche des télécoms militent pour le "non" en vue du 10 juin.

C'est le cas de l’Association suisse des télécommunications (ASUT), qui représente les intérêts des fournisseurs d’accès, dont les gros opérateurs, et de certains de leurs clients. "Des blocages contredisent un internet ouvert", regrette son président Peter Grütter.

Et de relever que "le 1er avril, le géoblocage de sites a été levé dans l'Union européenne. Les clients suisses peuvent désormais avoir accès à toutes les offres européennes. C'est une ironie que la Suisse réponde à cette ouverture par des blocages de réseau dans un domaine parfaitement légal. Ici, on ne parle pas de pornographie d'enfants, mais d'une activité parfaitement légale."

Redirections pas sans conséquences

La nouvelle loi bloquera l’accès aux casinos en ligne étrangers. Charge aux fournisseurs d'accès de dévier le trafic prohibé vers une page "stop". Ces redirections ne seront pas sans conséquences. "Toutes les mesures coûtent de l'argent, ça complique l'opération et ces blocages de réseau ne sont jamais précis", explique Peter Grütter. "Il n'est pas impossible que des sites parfaitement légaux, qui ne devraient pas être bloqués, le soient aussi."

Pour atténuer la grogne des fournisseurs d’accès, le Parlement a fait quelques gestes dans leur direction. Ils seront indemnisés pour la mise en œuvre du blocage et ne pourront pas être tenus responsables en cas de contournement de l'interdiction.

Les partisans de la loi sont, eux, convaincus du bien-fondé de ces blocages qui, disent-ils, ont fait leur preuve pour lutter contre les addictions. Ils rappellent que plusieurs pays européens connaissent déjà ce genre de restrictions.

Pietro Bugnon/lgr

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Les "dangers" de la loi sur les jeux d’argent

Interrogé dans La Matinale, Jean-Marc Hensch, directeur de Swico, l'association des entreprises actives dans les technologies de l’information et de la communication, a mis en garde contre cette nouvelle loi.

"Elle met en danger la sécurité d'internet. Car, techniquement, le bloquage de sites n'est rien d'autre qu'un détournement de la demande du consommateur sur une page de bloquage. Ce détournement est justement ce que font certains criminels sur le web. Les organes chargés de défendre les internautes comme MELANI (la Centrale d'enregistrement et d'analyse pour la sûreté de l'information) et Switch en Suisse, qui essaient de combattre la cybercriminalité, seront gravement compromis parce qu'il y aura des détournements criminels et, de l'autre côté, il y aura des détournements ordonnés pas la loi."

Il a également remis en cause l'efficacité de cette mesure: "Les deux tiers de la consommation d'internet se font via téléphone mobile. Et qui dit téléphone mobile, dit applications. Or, celles-ci ne sont pas touchées par le bloquage."

>> L'interview de Jean-Marc Hensch: