Les trois prévenus, le président du Conseil central islamique de Suisse (CCIS) Nicolas Blancho, le porte-parole Quasim Illi et le vidéaste Naïm Cherni sont accusés d'avoir diffusé via deux vidéos de la propagande en faveur d'Al-Quaïda. Mercredi, la procureure fédérale avait requis deux ans de prison avec sursis contre les trois hommes.
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Pour les avocats de la défense, les deux vidéos incriminées n'ont rien à voir avec de la propagande terroriste, il s'agit plutôt d'un travail journalistique pour documenter la réalité du conflit syrien. Les avocats entendent ainsi corriger la vision du Ministère public de la Confédération quant aux intentions de leurs clients.
Ces derniers ne faisaient qu'exercer leur droit à la liberté d'expression et d'opinion. Les condamner reviendrait à fragiliser ces droits fondamentaux, selon la défense. Les trois prévenus doivent donc être acquittés de toutes les charges qui pesent contre eux. Et ce d'autant plus que le prédicateur islamiste interviewé dans les vidéos ne serait pas un terroriste.
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Statut controversé pour le prédicateur interviewé
En effet, pour la défense, le prédicateur Abdullah al Muhaysini ne figure pas sur les principales listes internationales de terroristes. Tout au plus fait-il l'objet de sanctions économiques de la part des Etats-Unis, qui l'identifient comme étant l'un des leaders de la branche syrienne d'Al-Qaïda. Mais cette inscription date de 2016, une année après le tournage des vidéos. En Suisse, le Secrétariat d'Etat à l'économie, le SECO, n'aurait même pas repris ces sanctions.
Même si les Etats-Unis considèrent "ce Saoudien exilé en Syrie" comme un terroriste, les prévenus ne pouvaient l'anticiper. Ce lien entre al Muhaysini et Al-Qaïda serait vivement contesté. La défense s'est employée toute la matinée à le prouver avec cet argument massue: même les services de renseignements suisses n'en sont pas sûrs, rapporte l'un des avocats.
La défense est donc à l'oeuvre pour instiller le doute quant au véritable profil de ce personnage. Prévu initialement le 25 mai prochain, le jugement de la Cour est repoussé au 15 juin.
Marc Menichini/ebz