"C'était une bonne déclaration", indique au 19h30 Jacob Keidar, se référant aux propos du conseiller fédéral rapportés jeudi dans la presse alémanique. Ignazio Cassis avait critiqué le dispositif d'aide de l'ONU aux réfugiés palestiniens. Une déclaration qui a soulevé un tollé en Suisse.
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"Cette déclaration va dans le sens de notre politique", explique l'ambassadeur israélien auprès de la Suisse. "Nous estimons que l'UNRWA (l'Agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, ndlr) ne fait que perpétuer le problème des réfugiés (palestiniens)."
Pour Jacob Keidar, un démantèlement graduel de l'agence onusienne constituerait la solution à cette question. "Les fonds de l'UNRWA devraient aller à des organisations plus compétentes, le HCR (Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, ndlr) dans ce cas-là."
La neutralité respectée, d'après l'ambassadeur
Les propos du chef de la diplomatie suisse ne vont pas à l'encontre de la politique de neutralité helvétique, juge par ailleurs l'ambassadeur israélien. "Cette déclaration ne touche pas à la neutralité, elle concerne uniquement le problème des réfugiés", déclare-t-il.
Selon Jacob Keidar, seuls ceux qui préfèrent faire de la politique plutôt que de trouver une solution pour les réfugiés palestiniens soutiennent la poursuite du travail de l'UNRWA.
L'ambassadeur palestinien auprès de l'ONU demande une "correction"
L'ambassadeur de la mission permanente palestinienne auprès de l'ONU à Genève, Ibrahim Khraishi, s'est étonné des propos du conseiller fédéral: "Nous comprenons bien que le retour de 5 millions de réfugiés en Israël est difficile, voire impossible. Mais il y a une solution politique à cela", estime-t-il au micro du 19h30.
Si l'ambassadeur auprès de l'ONU dit comprendre l'approche d'Ignazio Cassis, il juge néanmoins que les mots choisis ne sont pas les bons. "J'espère que les choses vont être corrigées dans le bon sens", souligne-t-il.
Riposte de l'UNRWA
De son côté, Pierre Krähenbühl, le commissaire général de l'UNRWA, défend la pertinence de l'agence onusienne dans l'émission Forum: "Il y a une population de 5,3 millions de personnes qui n'ont aucun horizon devant eux parce que la communauté internationale a échoué dans l'effort de résoudre le conflit entre Israël et la Palestine. Je pense que nous faisons partie des acteurs qui fournissons et préservons une base d'espoir et de perspective d'avenir."
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Mise au point d'Alain Berset
Alain Berset a rappelé vendredi que le soutien de la Suisse à l'Agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) est légitime. Mais il est aussi du devoir de la Suisse, en tant que contributeur, de réfléchir sur l'avenir de cette organisation, a-t-il ajouté.
Le président de la Confédération s'est entretenu vendredi à ce sujet avec le chef du Département fédéral des affaires étrangères Ignazio Cassis.
"Il ressort de cet échange qu'il n'y a pas de changement dans la politique de la Suisse au Proche-Orient (...) En particulier, il n'y a pas de changement concernant le soutien à l'UNRWA (...), qui joue un rôle essentiel pour la stabilité de la région et la lutte contre la radicalisation", explique Alain Berset.
Le Fribourgeois relève également "qu'il est légitime que la Suisse, comme un des principaux contributeurs au budget" de l'agence onusienne, "s'implique dans les réflexions sur l'avenir de cette organisation".