En Suisse, les 21 casinos actuels seraient les seuls à pouvoir proposer une offre en ligne si la nouvelle loi sur les jeux d’argent était acceptée le 10 juin. Le modèle choisi par la Suisse n’est pas la règle en Europe, voire plutôt l'exception. Seule la Belgique et la Hongrie ont en effet opté pour cette voie.
Conviés à Zurich par les opposants à la nouvelle loi sur les jeux d’argent, des experts européens ont fait part de leurs doutes. "La Suisse et la Suède se ressemblent beaucoup", affirme Gustaf Hoffstedt, secrétaire général de l'association pour les jeux en ligne en Suède. "Nous devrions unir nos efforts pour lutter contre le protectionnisme. Je recommande sincèrement à la Suisse de réguler son marché, mais pas en protégeant les intérêts d’un monopole. Pas même pour les jeux d’argent."
"Scénario du pire"
Pour le Suédois, il s'agirait là du "scénario du pire pour l’Etat, pour les joueurs". "Vous ratez l’opportunité d’offrir aux utilisateurs des outils efficaces pour un jeu responsable."
Vice-directeur de l'organe espagnol qui surveille les jeux d'argent, Alberto Navarro Moreno regrette que tous les pays ne soient pas au diapason.
"Chaque pays est maître de sa réglementation. Mais nous avons les mêmes soucis. Je pense donc que nos législations respectives ne devraient pas être trop éloignées", estime-t-il.
Créer un environnement protégé
En Europe, le Danemark est cité en exemple. Ce pays a délivré des licences à 35 opérateurs en ligne, parmi lesquels des étrangers. Tous sont taxés et strictement encadrés. "Aujourd'hui, jouer de l'argent est devenu plus sûr", souligne Birgitte Sand, directrice de l'autorité danoise du jeu. "Les gens peuvent miser dans un environnement protégé. Ils savent qu'il y a une autorité, un cadre juridique. La protection des joueurs est l'un des bénéfices majeurs de notre système."
Ouvrir le marché, tout en le régulant, tel est l'enjeu de la votation le 10 juin prochain. Les opposants à la loi sur les jeux d'argent s'attaquent au monopole des casinos suisses sur internet. Les partisans rétorquent de leur côté que le marché helvétique s'ouvrira lui aussi, à terme, aux acteurs étrangers.
Pietro Bugnon/kkub