L'initiative populaire fédérale "Pour une Suisse libre de pesticides de système" donne dix ans au pays pour changer de modèle agricole et d'entretien du territoire.
Invitée jeudi de La Matinale de la RTS, la vert'libérale Isabelle Chevalley tire un parallèle entre ce combat et la sortie programmée du nucléaire. "Il y a vingt ans, quand on disait qu'on pouvait se passer du nucléaire, on ne nous croyait pas. Aujourd'hui, c'est une évidence". Pour elle, "il faut imaginer un objectif pour sortir des pesticides sur un temps donné, se donner le temps de la recherche".
"Il ne suffit pas d'interdire le glyphosate pour régler le problème de glyphosate. Il faut le remplacer par des méthodes qui soient pertinentes", poursuit l'élue vaudoise, qui a plusieurs fois interpellé le Conseil fédéral sur l'utilisation des pesticides.
"Déni politique"
"Il y a un espèce de déni dans la classe politique par rapport aux 'effets cocktail' que l'on avale systématiquement, et peu de recherche sur ses conséquences. Quand on ne sait pas, on ne peut pas interdire. Cela arrange bien les gens de ne pas savoir et donc de ne pas chercher", affirme Isabelle Chevalley.
"Cela arrange l'industrie, ou les agriculteurs, qui sont très forts à Berne". Elle met aussi en cause l'attitude des consommateurs, "qui n'acceptent pas d'avoir une petite tache sur une pomme".
Isabelle Chevalley regrette qu'il y ait "trop peu de recherche, trop peu de démonstrations qui montrent à nos paysans que c'est possible" et que "cela ne leur coûtera pas plus cher". "C'est difficile de se remettre en question, mais il y en a qui bougent. Je suis persuadée que la minorité d'aujourd'hui sera la majorité de demain", nuance-t-elle.
La conseillère nationale reconnaît que les agriculteurs subissent "beaucoup de pression, qui vient de partout. Il faut leur dire qu'on va les accompagner dans cette démarche".
Propos recueillis par Romain Clivaz
Adaptation web: Jessica Vial
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