Fondatrice de l'Association suisse d'aide à Gao, dans le nord-est du pays, Sophie Pétronin tenait un dispensaire. Au moment où elle a été enlevée par des djihadistes, elle était la dernière Occidentale à vivre dans la région.
Etabli à Porrentruy, dans le canton du Jura, son fils Sébastien se bat pour qu'on ne l'oublie pas. "Les autorités s'empressent de dire à la famille de ne pas en parler, de ne rien dire aux médias et de les laisser faire leur travail, indique-t-il. On est à quinze mois de détention et on a cessé d'observer ce genre de recommandations".
S'il ignore tout des preneurs d'otages, il sait que sa mère est en danger. Sur une vidéo récemment publiée par ses ravisseurs, elle apparaît très malade. "Pour nous, c'est un cauchemar permanent. Cela occupe tous les esprits", explique-t-il.
Business prospère
Pour en savoir plus sur les ravisseurs et leurs exigences, il faut se rendre au Mali. Sur place, les avions des Nations unies sont les derniers à faire la navette jusqu'à Gao, où les Casques bleus maintiennent une paix fragile.
C'est dans les rues de cette ville que Sophie Pétronin a été kidnappée par trois hommes armés. Un enlèvement qui rappelle celui de la missionnaire bâloise Béatrice Stöckli quelques mois plus tôt. Cette dernière avait déjà été kidnappée puis relâchée en avril 2012 à Tombouctou.
Des dizaines de groupes terroristes et autant de milices rebelles opèrent dans la région. Ils ont fait des enlèvements un business prospère. "Le nord du pays est devenu comme l'Afghanistan. Un Occidental, jeune ou vieux, est vu comme de la drogue car il représente de l'argent", explique Sadou Dialo, ex-maire de Gao. Selon lui, c'est Iyad Ag Ghali, un chef djihadiste proche d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui contrôlerait le destin de Sophie Pétronin et de Béatrice Stöckli.
Revendications impossibles à satisfaire
Instaurer le dialogue avec les terroristes est difficile pour la Suisse ou la France. Les objectifs politiques d'Iyad Ag Ghali seraient impossibles à satisfaire, lui qui veut chasser les militaires occidentaux et instaurer un Etat islamique au Mali.
Reste que les otages ont chacun de la valeur. Des chiffres allant jusqu'à plusieurs millions de francs par tête sont régulièrement évoqués. Et si la Confédération ne paie officiellement pas de rançon, plusieurs Suisses ont été libérés au cours des dernières années dans le nord du Mali.
D'après les dernières informations, Sophie Pétronin est toujours otage. La France, son pays d'origine, refuse officiellement de négocier. Les nouvelles sont meilleures du côté de Béatrice Stöckli. Une vidéo où on la voit tenir une lettre venue de Suisse vient de paraître. Un signe que les négociations ont débuté alors que la Bâloise est retenue en captivité depuis plus de 800 jours.
François Ruchti