"Il a un peu un comportement à la Donald Trump, je tweete quelque chose comme ça, parce que ça me passe par la tête", a lancé dimanche soir dans Forum l'ex-conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey.
L'ancienne cheffe des Affaires étrangères rappelle que "la Suisse a toujours soutenu l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, l'UNRWA, les résolutions des Nations unies et leurs mises en oeuvre". Elle a précisé: "Le problème ce n'est pas l'UNRWA, c'est qu'il n'y ait pas de processus de paix en cours. Evoquer ses états d'âme dans un tel contexte n'aide pas à la résolution du conflit israélo-palestinien."
Il y a deux semaines, Ignazio Cassis avait décrit l'Agence onusienne pour les réfugiés palestiniens comme un "obstacle à la paix" et avait qualifié le retour des réfugiés palestiniens dans un futur Etat palestinien de "rêve" irréaliste.
Evoquer ses états d'âme dans un tel contexte n'aide pas à la résolution du conflit israélo-palestinien
Micheline Calmy-Rey déclare ne pas comprendre "l'objectif poursuivi avec ces déclarations" et ajoute qu'"il n'est pas étonnant qu'en remettant en cause une politique poursuivie de façon constante depuis des décennies par la communauté internationale, Ignazio Cassis se heurte à des réactions."
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L'étonnement de Pierre Krähenbühl
"Je pense que la Suisse a perdu un peu de ses atouts, pas seulement pour le Conseil de sécurité, mais sur le plan international. La Suisse est une honnête négociatrice, et là, je crains que ça mette en cause notre crédibilité de pays qui participe à la promotion de la paix", s'est encore inquiétée Micheline Calmy-Rey.
Commissaire général de l'UNRWA, l'agence onusienne visée par les critiques d'Ignazio Cassis, Pierre Krähenbühl abonde en ce sens dans le 19h30. "Dans le travail que nous faisons, dans un des endroits les plus polarisés de la planète, nous sommes très souvent confrontés à des remarques. La surprise ici, c'est que ces propos ont été tenus au retour d'une visite sur le terrain", explique-t-il.
"Donner le choix aux réfugiés palestiniens"
Comme Micheline Calmy-Rey, il rappelle le lien entre son organisation et la Suisse. "La Suisse a soutenu l'UNRWA depuis des décennies, c'est un engagement extrêmement fort, très courageux. Alors ces propos ont surpris, aussi parce qu'ils semblaient réduire 5 millions de réfugiés à des faire-valoir, les confrontant à nouveau à un déni de droit et de dignité."
Pour lui, "les personnes qui se préoccupent de la question du droit de retour devraient précisément s'investir de manière active dans la mise sur pied d'une solution à deux Etats qui donnerait le choix aux réfugiés palestiniens de s'établir dans un futur Etat palestinien indépendant".
Adaptation web: Lara Gross