Si le Conseil fédéral n'a pas pris position, l'historien Jean-François Bergier a parlé d'écart de langage.
Hier à Berlin, Israel Singer a qualifié de "crime" la neutralité suisse durant la IIe Guerre mondiale. Lors d'une cérémonie du souvenir organisée à l'occasion du 60ème anniversaire de la libération du camp d'extermination d'Auschwitz, il a placé la neutralité helvétique sur le même plan que la "complicité" de l'Autriche ou la "collaboration" en France.
Le professeur Bergier ne comprend pas
L'historien Jean-François Bergier a affirmé n'avoir aucune compréhension pour les accusations du président du Congrès juif mondial (CJM). L'ancien président de la Commission indépendante d'experts, Suisse-2ème Guerre mondiale, a qualifié ces propos d'écart de langage.
M. Bergier ne comprend pas pourquoi Israel Singer a utilisé une telle formulation. Le président du CJM sait pourtant que la neutralité constituait pour la Suisse "la seule chance" dans la situation difficile qui était la sienne lors de la 2ème Guerre mondiale, a ajouté l'historien. Pour lui, ce sont plutôt les violations de la neutralité commises par la Suisse qu'il faudrait critiquer.
M. Bergier estime que les déclarations de M. Singer ne doivent pas rester sans réponse. La Suisse officielle ou la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) devraient remettre les choses au point.
Le Conseil fédéral ne commente pas
Le Conseil fédéral a pris connaissance des propos de M. Singer, mais n'a pas voulu réagir. Il n'a pas l'intention de commenter les propos tenus par une personne privée, d'autant plus que les faits sont connus, a déclaré le porte-parole du gouvernement Achille Casanova.
Juifs suisses pas d'accord
Les juifs suisses ne partagent pas non plus les appréciations de M. Singer, a déclaré le porte-parole de la FSCI Thomas Lyssy. La fédération ne s'explique pas les motifs de ses nouvelles critiques. On ne peut pas comparer neutralité et collaboration active, a dit M. Lyssy.
RSR/Agences
Israël Singer n'en est pas ses premières critiques envers la Suisse
Durant la crise des fonds en déshérence des années 1990, il a attaqué aussi bien les banques suisses que la neutralité au temps du nazisme. Mais il a aussi eu des éloges pour la création du Fonds suisse pour les victimes de l'Holocauste en 1997 ou le rapport de la commission Bergier sur les réfugiés en 1999.