A l'étranger, les opérateurs utilisent les données des joueurs pour étudier leurs comportements. "Vous avez des données facilement disponibles", relève Maris Bonello qui dirige l’unité du jeu responsable chez le groupe suédois Kindred, basé à Malte.
Après l'analyse de ces données, en cas de doute, le casino en ligne intervient. "Nous envoyons un email ou nous appelons, on dit aux joueurs 'vous pouvez aussi limiter vos pertes, le temps passé sur nos sites ou encore fermer votre compte pendant un laps de temps'", explique Maris Bonello. "Ce n'est pas intéressant de faire du chiffre avec des victimes d'addiction, ce n'est pas responsable."
Pressions étatiques
De l'altruisme? Peut-être, mais de la contrainte aussi. Simo Dragicevic, patron du britannique Bet Buddy, développe des outils de prévention pour casinos virtuels. "Il y a un clair intérêt pour nos produits, quelques exemples d'entreprises de jeux qui croient en la prévention, mais pour la majorité cet intérêt vient des régulations étatiques qui font pression pour que les firmes protègent davantage leurs clients."
La prévention est clairement plus efficace en ligne, selon lui. "Tous les joueurs en ligne sont enregistrés et nous avons toutes les données, contrairement aux jeux d'argent traditionnels. Sur le web c'est plus facile."
"Opportunité de prévention... et de promotion"
Le professionnel de la prévention Jean-Félix Savary, secrétaire général du Groupement romand d’études des addictions (GREA), acquiesce, mais relativise. "En ligne, il y a une opportunité meilleure pour faire de la prévention, mais il ne faut surtout pas oublier qu'il y a une opportunité immense de faire de la promotion des jeux."
Et d'ajouter: "Ces opérateurs, bien sûr, vont faire un peu de prévention, mais leur but est d'abord de vendre des jeux. Nous devons absolument leur donner un cadre qui permettent aussi de profiter de ces opportunités en terme de protection et ne pas seulement avoir un marché centré sur la promotion de l'offre."
Pietro Bugnon/lgr