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Avant Sion 2026, le peuple suisse a douché plus d'un rêve olympique

En février 2017, l'électorat grison a refusé nettement une candidature du canton à l'organisation des Jeux de 2026. [Keystone - Gian Ehrenzeller]
En février 2017, l'électorat grison a refusé nettement une candidature du canton à l'organisation des Jeux de 2026. - [Keystone - Gian Ehrenzeller]
Depuis les derniers Jeux olympiques d'hiver organisés en Suisse, à Saint-Moritz (GR) en 1948, la plupart des consultations populaires portant sur une candidature helvétique à l'organisation de JO se sont soldées par des refus.

C'est la fin du projet Sion 2026: les électeurs valaisans se sont prononcés dimanche à 54% contre l'octroi d'un crédit d'engagement de 100 millions de francs pour l'organisation de Jeux olympiques en Valais, enterrant ainsi définitivement la candidature suisse.

>> Lire : Les Valaisans rejettent à 54% le projet de Jeux olympiques à Sion

Depuis les derniers JO organisés dans le pays, en 1948 à Saint-Moritz (GR), toutes les tentatives d'accueillir la manifestation ont échoué. Si le peuple n'a pas toujours eu son mot à dire, il a souvent dit non lorsqu'il a eu l’opportunité de se prononcer sur la question.

- En 1963, les Valaisans ne veulent pas d'un "Sion 1968"

En décembre 1963, l'électorat valaisan refuse à une très faible majorité l'octroi d'un crédit -à l'époque de 3 millions de francs- pour l'organisation des Jeux olympiques d'hiver 1968 en Valais. Le lendemain de la votation, le journal "Le Confédéré" déplore que "beaucoup de choses très peu olympiques se sont mêlées dans l'esprit des citoyens (...): la rancune des uns, (...) la jalousie entre régions intéressées ou non à l'organisation, (...) le manque de solidarité cantonale (...)." Les Jeux auront finalement lieu à Grenoble, en France.

- Deux projets suisses pour les JO 1976 écartés

L'organisation des Jeux de 1976 intéresse beaucoup la Suisse: un groupe candidat intercantonal formé de Zurich et de la station de Hoch-Ybrig (SZ), Interlaken (BE), Saint-Moritz (GR) et Sion - qui a cette fois obtenu le soutien de la population valaisanne - sont sur les rangs. A Zurich, le projet est repoussé à une forte majorité par les citoyens de la ville. En ce qui concerne l'Oberland bernois, la commune d'Interlaken vote pour, mais le reste du canton refuse.

Les Valaisans et les Grisons, eux, disent oui mais c'est le Comité olympique qui va sceller le sort de leurs candidatures: l'organisation ira à Innsbruck, en Autriche.

- En 1980, pas une, mais deux candidatures grisonnes éliminées

Deux candidatures grisonnes sont mises sur pied pour les JO de 1988. D'une part, une candidature commune pour les deux grandes stations du canton, Saint-Moritz et Davos; d'autre part, une candidature "Grisons-nord" à laquelle prennent notamment part les stations de Flims-Laax et d'Arosa, ainsi que Coire, le chef-lieu du canton.

Le 2 mars 1980, lorsque les électeurs sont appelés aux urnes, on ne leur demande pas d'opter pour l'une des deux candidatures mais bien sur le fond, puisqu'ils doivent se prononcer sur l'octroi d'un crédit de 10 millions de francs. En votant non, l'électorat grison met un terme au projet olympique du canton. Les JO iront à Calgary, au Canada.

-  En 1988, le camouflet des Lausannois aux JO de 1994

Les Grisons, Lausanne et Berne sont sur les rangs pour les Jeux de 1994. En 1985, la candidature commune de Davos et de Saint-Moritz échoue devant le peuple grison, qui une fois de plus refuse l'octroi du crédit nécessaire. Entre la candidature vaudoise et celle de l'Oberland bernois, le Comité olympique suisse préfère la première.

La candidature lausannoise est soutenue par les autorités et une grande partie de l'opinion publique des régions de montagne. Mais un référendum est lancé contre la décision du Conseil communal de Lausanne et aboutit à un vote en juin 1988. Le projet est alors rejeté à 62%. C'est un "non sans équivoque", commente alors L'Impartial. Les Jeux de 1994 se tiendront en Norvège, à Lillehammer.

Un ouvrage* sur le sujet décrit les réactions à ce vote: "(elles) sont très vives dans les stations de montagne (...). Les Lausannois sont taxés de pingrerie, voire de traîtrise, car l'élément financier a certainement pesé beaucoup plus que des considérations écologiques ou sociales et culturelles. La presse des autres cantons se joint à ces récriminations: 'notre pays commence à être expert dans l'art de passer à côté des grands projets du temps'".

- En 2002, le retrait de la candidature Montreux-Berne

En 2002, les Grisons, Zurich, et une candidature jumelée Montreux-Berne sont en lice pour se porter candidats aux Jeux de 2010. Swiss Olympic donne sa préférence à la candidature Montreux-Berne, Berne devant être la ville hôte de la manifestation. En septembre 2002, les citoyens bernois expriment un rejet très net au projet. La candidature est officiellement retirée deux mois plus tard.

- En 2013 et 2017, deux refus coup sur coup dans les Grisons

La candidature grisonne pour les Jeux de 2022 est enterrée en votation populaire en mars 2013. Bien que les citoyens des villes de Davos et St-Moritz aient dit oui, ceux de l'ensemble du canton rejettent l'objet à près de 53%.

>> Lire : Le projet de Jeux olympiques dans les Grisons est enterré

Quatre ans plus tard, en février 2017, l'électorat grison rejette une nouvelle fois une candidature du canton, plus nettement encore qu'en 2013: le crédit de candidature de 25 millions de francs est refusé à 60%. Même les stations de St-Moritz et Davos disent non.

>> Lire : Les Grisons rejettent l'organisation des Jeux olympiques 2026

Pauline Turuban avec ats

*"Les candidatures suisses aux Jeux Olympiques d'hiver" de Laurent Bridel (1991).

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Déconvenues de Sion

Entre ses ambitions pour les Jeux de 1976 et le projet Sion 2026, la capitale valaisanne s'est par deux fois mise sur les rangs pour une candidature olympique, avec le soutien de sa population. Dans les deux cas, le CIO a mis un terme à ses projets. Une première fois en 1995, lorsque l'instance olympique, réunie à Budapest, a préféré la candidature de Salt Lake City (Etats-Unis) pour les Jeux de 2002; une deuxième fois en 1999 à Séoul, où le CIO a choisi Turin face à Sion, pour organiser les Olympiades de 2006.