"Arrêtez de tuer notre jeunesse", "Non à la destruction de notre jeunesse": derrière ces slogans lus sur des pancartes à Lausanne le 30 mai dernier, lors d'une manifestation contre les dealers, se cache une réalité plus nuancée.
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D'une part, la drogue tue beaucoup moins qu'il y a vingt ans. Le nombre total d'overdoses a été divisé par trois entre 1995 et 2015.
La baisse est particulièrement marquée au sein des populations de consommateurs les plus jeunes: les décès par surdose chez les 15-24 ans sont passés de 103 en 1995 à 7 en 2015, soit près de 15 fois moins. Chez les 25-34 ans, 18 personnes ont succombé à une overdose en 2015, contre 200 vingt ans plus tôt.
Jean-Félix Savary, du Groupement romand d'études des addictions (GREA), attribue cette diminution drastique à la politique des "quatre piliers" (prévention, thérapie, réduction des risques, répression).
"Il s'agit de mesures comme des espaces de consommation sécurisés, des programmes de prescription d'héroïne, de soutien aux personnes en difficulté... On voit que l'on arrive à des résultats quand on s'en donne les moyens", développe le secrétaire général du GREA.
Consommation des adolescents en baisse
La dernière étude disponible sur le sujet, qui remonte à 2014, montre d'autre part une diminution de la consommation de substances addictives chez les adolescents de 15 ans, qu'il s'agisse de l'alcool, du tabac ou du cannabis (la consommation de drogue dure reste très rare à cet âge).
La part des jeunes de 15 ans ayant déjà pris du cannabis au cours de leur vie est en baisse depuis 2002. Une légère diminution de la part d'adolescents en ayant consommé au cours du dernier mois s'est également observée entre 2010 et 2014.
Les politiques ciblées de promotion de la santé, telles que l'interdiction de vendre de l'alcool après une certaine heure ou la hausse des prix du tabac, contribuent à expliquer ces chiffres.
"On pense que le cannabis a bénéficié de façon collatérale de la perte d'intérêt pour les autres substances", développe le directeur d'Addiction Suisse Grégoire Vittoz. "Les parents sont peut-être aussi plus conscients du rôle qu'ils ont à jouer."
Une dernière hypothèse avance que les jeunes seraient détournés des substances addictives par les écrans et les réseaux sociaux.
Reste à savoir si ces tendances s'inscriront dans le temps. Deux études doivent sortir dans les prochains mois mais, faute de moyens, elles se raréfient en Suisse.
Julie Conti / ptur