Depuis 2014, l'ordonnance interdit d'exporter si le pays de destination est impliqué dans un conflit armé interne ou international. L'ancien ministre des affaires étrangères Didier Burkhalter s'était opposé à un assouplissement.
Il faut permettre au Conseil fédéral et à l'administration de procéder à une appréciation plus nuancée des exportations, estime désormais le gouvernement. Il n'est aujourd'hui pas possible de faire une distinction selon le type de matériel de guerre et en fonction du destinataire final.
Guerres civiles exclues
Il devrait donc désormais être possible d'autoriser une exportation s'il n'y a aucune raison de penser que le matériel sera utilisé dans un conflit armé interne. La dérogation envisagée ne s’appliquerait pas à des pays en guerre civile, comme le Yémen ou la Syrie aujourd'hui, affirme le gouvernement.
Même avec cette modification, le régime suisse reste plus strict que celui prévu par la position commune des États membres de l'UE, poursuit-il.
"Cela porte atteinte à l'âme humanitaire de la Suisse"
Sur le plateau du 19h30, le conseiller national Carlo Sommaruga (PS/GE) s'est dit choqué par cette décision du gouvernement. "En 2009, (...) le Conseil fédéral s'était engagé à rendre plus restrictives les normes pour l'exportation d'armes", rappelle-t-il.
"Je trouve que cela porte atteinte de manière extrêmement forte à l'âme humanitaire de la Suisse dans la mesure où cela signifie que l'on retrouvera des armes suisses là où il y a des conflits, des guerres civiles, c'est insupportable", réagit l'élu.
ats/cab
Intérêts de l'industrie d'armement
L'industrie suisse d'armement insiste depuis des mois pour assouplir la législation. A l'appui de leurs doléances, les entreprises invoquent la délicate situation économique dans laquelle se trouverait la branche, avec des milliers d'emplois en jeu.
Le gouvernement "prend très au sérieux ces remarques". Et d'estimer que la pratique restrictive de la Suisse en matière d’autorisations est pour beaucoup dans le recul des exportations helvétiques ces dernières années. Afin d'assurer le maintien d’une capacité industrielle adaptée aux besoins de la défense, il est nécessaire de réexaminer régulièrement les conditions-cadre en matière d’exportation.
Des exportations pour 447 millions
Après deux ans de baisse, les exportations d'armes ont remonté en 2017 pour se porter à 446,8 millions de francs (+34,7 millions). Les principaux pays destinataires ont été l'Allemagne (117,7 millions), la Thaïlande (87,6 millions) et le Brésil (32,9 millions). En 4e et 5e positions figurent l'Afrique du Sud (32,7 millions) et les Etats-Unis (27,6 millions).
En 2017, le Secrétariat d'Etat à l'économie a refusé 48 demandes d'exportation concernant 21 pays, dont la Turquie, le Mexique, les Emirats arabes unis, le Koweït et l'Arabie saoudite.
La Suisse a interrompu en mai 2015 ses livraisons à l'Arabie saoudite. En avril 2016, elle a toutefois autorisé des exportations dans plusieurs pays impliqués dans la guerre au Yémen. Mais il a rejeté les demandes présentant des risques importants que le matériel soit utilisé dans le conflit.