Modifié

Les Suisses toujours plus nombreux à compenser leurs émissions de CO2

Myclimate propose notamment de compenser les voyages aériens (image d'illustration). [Reuters - Arnd Wiegmann]
Les Suisses sont toujours plus nombreux à compenser leurs émissions de CO2 / La Matinale / 2 min. / le 25 juin 2018
Née il y a dix ans, l'association suisse Myclimate propose de compenser les émissions de CO2, notamment lors des déplacements. Elle vient de publier un bilan record pour 2017.

Plus de 800'000 tonnes d'émissions de CO2 ont ainsi été compensées en 2017, dont un tiers en Suisse romande. Le site internet de Myclimate permet de calculer puis de compenser les émissions - par exemple lors d'un voyage en avion. Il en coûtera ainsi 66 francs pour un aller-retour de Genève à New York. Cette somme est ensuite investie dans divers projets visant à réduire une quantité équivalente de CO2.

Le service s'adresse aussi aux entreprises, qui sont de plus en plus nombreuses à y adhérer: elles sont 1800 aujourd'hui en Suisse.

C'est le cas notamment de la société neuchâteloise Opan, qui oeuvre dans le génie civil. Pour son directeur général, Erdjan Opan, les intérêts de cette démarche sont multiples.

"Un aspect émulateur pour les employés"

"Pour ma propre conscience, je suis mieux avec ça", dit-il d'emblée. "Et puis, il y a un aspect émulateur et de prise de conscience des employés sur cette problématique. En fonction de la sensibilité du client, c'est aussi un argument qui peut faire pencher la balance entre nous et un concurrent. Enfin, pour les nouveaux employés c'est clairement un atout, surtout chez les jeunes qui ont la conscience de cette problématique."

Opan a dû prendre en compte de nombreux facteurs comme sa consommation d'électricité, de gaz, d'eau, les kilomètres effectués par chaque collaborateur, la quantité de papier et de matériel électronique ou encore le nombre de sacs poubelle remplis.

"On ne va pas aller très loin avec ça"

Reste que ce système de compensation n'est pas forcément la bonne solution au problème des émissions de CO2. Pour Dominique Bourg, professeur à la Faculté des géosciences et de l'environnement de l'Université de Lausanne, il faut surtout déduire les émissions.

"Dans un pays occidental, on émet au moins quatre fois ce qu'on devrait émettre par an (…) Cela veut dire 40 milliards de tonnes de CO2". Et si on prend tous les équivalents - méthane, etc - on est à plus de 50 milliards", rappelle-t-il. "On a déjà accumulé plus de 2200 milliards de tonnes dans l'atmosphère. Alors payer 50 euros pour compenser une petite tonne, vous imaginez bien qu'on ne va pas aller très loin avec ça."

Dominique Bourg juge néanmoins la démarche intéressante si elle s'ajoute à une attitude vertueuse vis-à-vis de l'environnement.

Cléa Favre/oang

Publié Modifié