L’enquête des journalistes de la télévision alémanique SRF évoque deux femmes originaires de la région biennoise, âgées de 24 et de 36 ans. Elles ont quitté leur famille à l’été 2014 pour se rendre en Syrie, dans les territoires sous contrôle du groupe terroriste Etat islamique.
La troisième femme, une Romande de 29 ans, est partie avec son compagnon qui est fortement soupçonné d’avoir combattu dans les rangs du groupe Etat islamique. Le couple a eu un enfant sur place.
Procédure pénale ouverte en Suisse
Le Département fédéral des affaires étrangères a confirmé la détention de ces trois citoyennes suisses, sans plus de précisions. Elles font toutes l’objet d’une procédure pénale ouverte par le Ministère public de la Confédération.
Les autorités helvétiques les appellent des "voyageuses du djihad", mais il est difficile de savoir en l'état quelles étaient leurs activités sur place.
Selon plusieurs sources concordantes interrogées par l’émission 10vor10, les trois femmes sont aujourd'hui internées dans des camps du nord de la Syrie. La jeune Romande y serait retenue avec son enfant en très bas âge.
Pas de soutien des autorités helvétiques
Le DFAE rappelle que les citoyens suisses voyageant en Syrie - pays déconseillé - ne peuvent bénéficier d’une protection consulaire et donc d'une assistance des autorités face à une situation de détresse.
Mais avec ces trois femmes, les autorités suisses - comme celles de nombreux pays européens - se retrouvent confrontées à un épineux dilemme politique, sécuritaire, juridique et même humanitaire.
A la chute du groupe Etat islamique, des milliers de combattants djihadistes et leurs familles ont été arrêtés par les forces kurdes ou se sont rendus, fin 2017.
Marc Menichini/oang
Le problème crucial du vide juridique
Chargé des questions liées à la lutte anti-terroriste pour l'ONG Human Rights Watch à Paris, Nadim Houry connaît bien ces camps de détention dans le nord de la Syrie.
Interviewé dans l'émission Forum, il décrit les conditions de vie difficiles des femmes et des enfants, retenus sans possibilité d'en sortir. Il souligne cependant que le problème principal reste le vide juridique qui entoure leur situation depuis plusieurs mois. "Leur détention est illégale", souligne-t-il.
>> Ecouter l'interview de Nadim Houry dans l'émission Forum: