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Quand la société civile multiplie les initiatives populaires

Le peuple se prononcera sans doute sur l'interdiction des pesticides de synthèse en Suisse. [Keystone - Anthony Anex]
La société civile se réapproprie les instruments démocratiques / Forum / 3 min. / le 11 juillet 2018
La société civile est de plus en plus adepte de l'initiative populaire, avec plusieurs textes déposés par des groupes de citoyens ou des milieux associatifs ces dernières années. La récupération politique semble toutefois inévitable.

Les partis politiques n'ont plus le monopole du lancement de l'initiative. Le "simple citoyen" s'y met aussi, tout comme les milieux associatifs.

Sur les cinq initiatives populaires déposées depuis le début de l'année par exemple, trois d'entre elles (celle sur la prévoyance vieillesse, celle sur l'indépendance des juges fédéraux et celle dite pour la protection de l'enfant) sont issues d'un groupe de citoyens, qui comprend parfois, il est vrai, des élus politiques. Les deux autres textes sont issus des milieux associatifs (l'initiative pour la fin de l'élevage intensif et celle dite pour des enfants et des jeunes sans publicité pour le tabac).

Ces initiants, même si certains ont des cartes de parti, ne se revendiquent pas d'une couleur politique particulière. Bien au contraire, ils préfèrent se dire indépendants, une manière de ratisser plus large mais aussi de s'affranchir des contingences et de l'agenda d'un parti.

Grande diversité

Cette société civile qui fait usage de ses droits politiques se caractérise aussi par une grande diversité. Tout d'abord au niveau des thèmes: les soins infirmiers, les cornes des vaches, les pesticides, l'indépendance de la justice, le congé paternité ou la préférence nationale. Autant de sujets parfois délaissés par la politique traditionnelle.

Les moyens financiers, également, sont très divers, du plus modeste - tel  l'agriculteur qui veut protéger seul les cornes des bovins - aux plus riches, comme ce multimillionnaire qui finance le texte pour l'indépendance des juges fédéraux.

Récupération politique

La méthode et les outils utilisés pour faire campagne constituent la troisième disparité entre ces groupes, entre ceux qui utilisent de manière chevronnée internet et les réseaux sociaux (comme pour le référendum citoyen contre la surveillance des assurés) et ceux qui privilégient une présence physique sur les marchés ou au sein des réseaux associatifs (comme pour la lutte menée contre les vaccins).

Si ces personnes veulent s'affranchir des partis politiques, une telle posture n'est toutefois pas durable. Leur texte, s'il obtient suffisamment de signatures, doit passer l'examen du Parlement. Et là, impossible de rester complètement indépendant: l'initiative doit trouver des alliés, ce qui sera de toute manière indispensable si le texte est soumis au peuple.

Même si la société civile tient en horreur toute forme de récupération politique, de nombreux élus finissent par rejoindre leur équipe de campagne.

Marc Menichini/kkub  

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