Publié

Une association lance une campagne pour interdire la prostitution en Suisse

La traite d'êtres humains devant le Tribunal régional Jura Trois Lacs. Le débat de fond sur la prostitution reprend en Suisse.
La traite d'êtres humains devant le Tribunal régional Jura Trois Lacs. Le débat de fond sur la prostitution reprend en Suisse. / 19h30 / 2 min. / le 11 juillet 2018
L'association zurichoise "Frauenzentrale" a lancé une campagne prônant l'interdiction de la prostitution, en comparant la législation suisse à celle plus restrictive de la Suède.

La campagne "Stopp-Prostitution" est portée par un clip vidéo en anglais mettant en scène des Suédois de tous âges qui expliquent la différence entre le droit des femmes dans leur pays et en Suisse.

"En Suède, la prostitution est interdite depuis 20 ans. Dans votre pays, c'est légal. (...) Bien sûr, tout ce qui rapporte de l'argent est légal en Suisse. Peut-être qu’on a été un jour des vikings brutaux, mais vous, vous vivez encore au Moyen-Âge", affirment les personnages de la vidéo.

L'association "Frauenzentrale" dénonce l'autorisation de la prostitution en Suisse, tout comme en Allemagne, malgré l'existence d'un certain nombre de règles.

Sa présidente Andrea Gisler explique dans le 19h30: "Pour moi, c'est une atteinte à la dignité humaine, de la violence sexuelle, ou plutôt, comme l’a dit une ancienne prostituée, de l'abus payé."

L'association aimerait voir la Confédération suivre l'exemple plus restrictif de la Suède, de la France et de la Norvège. Du proxénète au client, toutes les personnes liées à un sexe tarifé y sont passibles d'amendes ou d'incarcération.

Une mesure contre-productive

Interdire la prostitution n'améliorerait pas la situation, au contraire, estime pour sa part l'association genevoise Aspasie, qui défend le droit des travailleuses du sexe.

"L’expérience dans ces pays-là montre que le trafic des êtres humains ne diminue pas, explique Pénélope Giacardy, coordinatrice de l’association. Cela n’élimine pas non plus le travail du sexe qui existe et existera toujours. Il le rend juste invisible."

Les femmes seraient ainsi poussées à exercer dans la clandestinité, faisant augmenter les violences. Cet avis est partagé par Amnesty International qui préconise une dépénalisation, ce qui permettrait de maintenir le contact avec les travailleuses du sexe, dont le nombre est estimé entre 4000 et 20'000 en Suisse.

Reportage TV: Noémie Guignard

Adaptation web: Mouna Hussain

Publié