La demande pourrait encore augmenter de 21 % d'ici 2015, selon une étude présentée par le Fonds national suisse (FNS). Cantons et communes sont appelés à réagir.
La dernière étude du Programme national de recherche sur l'enfance et la jeunesse montre l'immense écart entre l'offre actuelle et les désirs des parents. Pas moins de 120’000 enfants de plus seraient placés en crèche ou chez une maman de jour si les conditions cadre le permettaient.
Jusqu'en 2015
La demande en garde n'est ainsi couverte qu'à 41 %, a indiqué le directeur du projet de recherche, Rolf Iten, du bureau de recherche et de conseil Infras. A charge des cantons et communes d'ajouter rapidement quelque 50’000 places aux 30’000 actuellement recensées.
Un modèle de simulation montre en outre que les besoins augmenteront d'au moins 21 % jusqu'en 2015 en Suisse. A condition que le contexte démographique et économique soit positif, a précisé Suzanne Stern, géographe chez Infras.
Pour aboutir à cette image, 750 ménages, dont 150 étrangers, avec des enfants âgés de zéro à quatre ans ont été interrogés dans toute la Suisse, a expliqué Sylvia Banfi, de l'Institut universitaire de micro-économie et d'économie publique (Mecop) de Lugano, qui a réalisé le sondage. Quelque 41 % des foyers suisses ont indiqué avoir eu recours à une garde extérieure contre 32 % de foyers étrangers.
Dans l'idéal
«Quelles formes d'accueil choisiriez-vous si vous en aviez la possibilité?», leur ont aussi demandé les enquêteurs. La solution de la garde par les parents, la familles ou les connaissances, adoptée par 84 % des géniteurs faute de mieux, ne serait plus utilisée que par 44 % d'entre eux.
Pas moins de 30 % se décideraient pour la crèche contre 10 % actuellement et la famille de jour serait choisie dans 21 % des cas contre 5 % actuellement. Quelques ménages, 5 %, choisiraient la bonne d'enfant alors que cela reste un rare privilège actuellement.
Proximité de la garde
Les Suisses désireraient deux jours de garde par semaine, ou 4 demi-journées, les familles étrangères ayant besoin elles de 5 demi-journées. Les parents suisses sont prêts à payer 7 francs par heure et accepteraient un trajet moyen de 13 minutes.
Les immigrés, moins bien rénumérés pour le même travail selon les statistiques, iraient jusqu'à 5 francs, en moyenne. Ils souhaiteraient une distance de 7 minutes entre leur domicile et la crèche ou la famille de jour.
Confiance et fiabilité
Confiance, fiabilité du personnel, encadrement et proximité sont les premiers critères de choix d'une crèche. Le prix de la place d'accueil arrive en quatrième position. Les familles étrangères donnent la priorité au concept pédagogique et à la qualification du personnel, a aussi finalement relevé Mme Bandi.
L'expert Silvio Tassinari a pour sa part souligné les effets bénéfiques des crèches de qualité, confirmés par plusieurs études. Il a aussi évoqué le besoin de rattrapage de la Suisse par rapport aux pays de l'OCDE.
La Confédération doit assurer la qualité de la formation du personnel de garde et les cantons créer une législation unifiée. Les communes doivent veiller à un subventionnement adéquat.
Rôle central
Le rôle de l'économie n'est pas moindre: les entreprises devraient cofinancer les structures d'accueil de la petite enfance, car elles ont tout avantage à aider leurs employés à concilier vie professionnelle et famille, a encore noté M. Tassinari.
Membre de la Commission fédérale de coordination pour les questions familiales, Andrea Lafranchi a plaidé pour des structures de qualité et un programme d'étude clair. Il a rappelé que les gagnants de l'enquête PISA n'attendaient pas l'école obligatoire pour favoriser le développement des facultés sociales et cognitives des tout petits.
RSR/ATS
4800 nouvelles places en 2 ans et demi
Lancé début 2003, le programme quadriennal d'aide fédérale pour l'accueil extra-familial a contribué à la création de plus de 4800 nouvelles places dans des crèches. Mais l'enveloppe de 200 millions mise à disposition par le Parlement est sous-utilisée.
Ce montant comprend aussi le subventionnement des structures d'accueil parascolaires, où près de 4600 nouvelles places bénéficient de la manne fédérale.
Pour l'heure, les aides financières approuvées se montent à 50,5 millions de francs. Avec celles encore en examen, 76 millions devraient être dépensés, selon les chiffres de l'Office fédéral des assurances sociales (OFAS).
Les services fédéraux et les cantons, qui donnent leur préavis, ont reçu jusqu'à présent 772 demandes d'aide. Près de 400 ont été approuvées, 145 rejetées et 75 retirées. Cent cinquante-neuf sont encore en examen.