En dix ans, la part des hommes occupés à temps partiel a augmenté de 12% en 2007 à 17% en 2017, selon les chiffres de l'Office fédéral de la statistique. Mais contrairement aux idées reçues, ce n'est pas le reflet d'une société où les hommes se priveraient d'une part de leur revenu pour profiter davantage de leur rôle de père.
Au contraire. Une fois qu'un enfant arrive dans un ménage, l'écart entre hommes et femmes actifs occupés à temps partiel se creuse. La part des hommes à temps partiel dégringole à 11% avec la paternité.
Du côté des femmes, c'est l'effet inverse: 60% des femmes actives travaillent à temps partiel, et cette part augmente à 80% avec l'arrivée d'un enfant. A noter également qu'une maman sur cinq ne travaille pas du tout.
Assurer le revenu familial
L'explication tient au modèle traditionnel, encore très ancré en Suisse, qui veut que l'homme assure un revenu plus important pour faire vivre la famille. Mais c'est aussi une histoire de tabou, selon Gilles Crettenand, membre de l'organisation männer.ch, qui défend la place des pères dans la société.
Il y a une telle pression de la société que les hommes renoncent souvent à demander un temps partiel
Selon lui, s'il semble naturel pour une femme d'obtenir un emploi à temps partiel après une naissance, les hommes quant à eux auront "besoin de courage pour se demander quelles seront les conséquences pour leur carrière, vis-à-vis des collègues, ou même s'ils risquent leur poste en posant la question."
Gilles Crettenand pointe également les lacunes de la politique familiale en Suisse, avec des contraintes liées aux infrastructures inexistantes, comme l'absence de congé paternité ou la difficulté de trouver des places en crèche. Cela "incite les femmes à rester à la maison et les hommes à aller travailler", déplore-t-il.
Cynthia Gani/fme