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Suisse-Turquie : le génocide arménien crée la tension

Dogu Perinçek devant le portrait d'Ataturk lors d'un discours
Dogu Perinçek à Lausanne devant le portrait de Mustafa Kemal Ataturk (1881-1938),fondateur de la République Turque
L'enquête ouverte en Suisse contre le chef turc du parti des travailleurs continue de faire des vagues.

Dans une interview accordée à la presse dominicale alémanique, il confirme ses propos négationnistes envers le génocide arménien et qualifie la loi suisse sur le racisme de "loi médiévale de l'Inquisition".


La loi suisse contre le racisme est comparable à une «loi médiévale de l'Inquisition». Elle doit être supprimée, clame Doğu Perinçek dans une interview accordée au SonntagsBlick. Doğu Perinçek est le leader du Parti des travailleurs turcs, minuscule formation d’extrême-gauche nationaliste, qui n'a aucun député à la Grande Assemblée Nationale de Turquie. Ce qui n’empêche pas son chef de juger que la loi suisse contre le racisme «va à l'encontre des droits fondamentaux et de la liberté d'expression». Selon lui, elle fait perdre à la Suisse l'amitié de la Turquie et le respect du monde.


«Il n'y a pas eu de génocide» arménien, répète par ailleurs le politicien dans son interview. Dimanche dernier dans la capitale vaudoise, il avait déjà parlé de «soi-disant génocide arménien» lors de l'anniversaire du Traité de Lausanne, à l'origine de la création de la Turquie moderne en 1923.

Tension entre la Suisse et la Turquie


Le Département fédéral des affaires étrangères a rappelé jeudi dans un communiqué que le Conseil fédéral avait toujours déploré et condamné les "tragiques déportations et les massacres" qui ont eut lieu en Arménie à la fin de l'Empire Ottoman, un communiqué dont le libellé évite consciencieusement de parler de "génocide".


S'exprimant à son tour dans la presse dominicale alémanique, la NZZ am Sonntag, le représentant turc en Suisse Alev Kilic met en garde les autorités helvétiques contre une limitation de la liberté d'opinion parlant même de signal grave à l'attention des Turcs qui vivent ou viennent en Suisse. L'ambassadeur turc n'exclut pas que cela entraîne des conséquences diplomatiques alors que le conseiller fédéral Joseph Deiss projette de se rendre tout prochainement en Turquie.


A relever encore qu'Ankara a décidé de créer une commission mixte d'historiens turcs et arméniens, qui sera chargée d'étudier la question des massacres... une proposition d'ailleurs saluée par le Conseil fédéral.


RSR

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