"Ce qui est sûr et logique, c'est que plus les vacances sont longues, plus on a tendance à oublier la matière apprise en cours d'année", affirme Bruno Suchaut, directeur de l'unité de recherche pour le pilotage des systèmes pédagogiques du canton de Vaud, invité mardi de La Matinale de la RTS. Selon de récentes études allemandes, autrichiennes et suédoises, ces conclusions sont surtout vraies pour les mathématiques, un peu moins pour la lecture, bien que l'orthographe en souffre aussi.
Bruno Suchaut cite lui des études françaises, qui montrent qu'avec de longues vacances, les inégalités se creusent entre les enfants issus de milieux défavorisés et "ceux qui ont la chance d'avoir des parents qui s'occupent d'eux, des pratiques éducatives stimulantes". Elles seraient particulièrement marquées à l'école primaire.
Pour lui, il est nécessaire d'impliquer "la société dans son ensemble", par exemple au niveau des communes ou des ministères, pour "réfléchir à la prise en charge de certains élèves pendant les vacances". "Les enseignants doivent aussi tenir compte de cette période d'été. Les premières semaines d'école sont importantes pour faire en sorte que les inégalités ne se creusent pas".
Des congés à durée variable
La semaine dernière, une chercheuse de l'Université de Berne interrogée dans le quotidien Südostschweiz affirmait que quatre semaines de vacances d'été devraient suffire. Pour Bruno Suchaut, "il n'y a pas de durée de vacances optimale".
Il rappelle que si la Suisse romande est "dans la moyenne", avec 7 à 8 semaines de vacances d'été selon les cantons, certaines régions alémaniques n'ont que 5 semaines, alors que le Tessin en a 11. Dans certains pays d'Asie, les vacances d'été ne durent que 4 semaines, contre 13 en Italie ou en Espage.
Sept semaines de travail, deux de vacances
Bruno Suchaut souligne en revanche l'importance du rythme "des semaines de vacances en cours d'année. Les trimestres doivent être relativement équilibrés". "Beaucoup d'études montrent aussi que les vacances en cours d'année doivent être suffisamment longues pour que les enfants puissent récupérer. Une semaine, souvent, c'est trop court".
Le rythme idéal préconisé par les chercheurs serait de sept semaines de travail pour deux de vacances. Difficile toutefois d'adapter le calendrier, en raison des jours fériés notamment. "Mais ce qui peut être néfaste, c'est quand il y a des jours de congé en cours d'année, sans arrêt pendant un mois. Par exemple, le mois de mai en France. Cela casse complètement le rythme", observe Bruno Suchaut.
Propos recueillis par Coralie Claude
Adaptation web: Jessica Vial