Exit a informé le détenu que sa demande sera prise au sérieux. Mais son cas comporte des circonstances spéciales qui doivent être clarifiées. L'organisation ne donne pas de détails sur les cas individuels.
C'est l'organisation d'entraide pour les prisonniers et les marginalisés Reform91 qui a rendu publique la demande du prisonnier. Interrogé samedi dans le 19h30 de la RTS, le vice-président d'Exit Suisse romande Pierre Beck a indiqué qu'un détenu de la prison genevoise de Champ-Dollon, gravement malade, avait fait une demande similaire il y a un an environ. "Nous n'avons pas pu entrer en matière", a-t-il ajouté.
Lacune juridique
L'Office de l'exécution judiciaire (OEJ) du canton de Berne a déclaré n'avoir reçu aucune demande spécifique d'aide au suicide. L'OEJ, précise que la loi ne réglemente pas encore les cas où les détenus souhaitent recourir à l'aide au suicide.
La politique du risque zéro appliquée actuellement fait que les détenus restent plus longtemps emprisonnés, a ajouté l'OEJ. Les lois devront à l'avenir prendre en compte cet aspect.
Toujours selon l'OEG, il ne serait certainement pas possible pour un détenu d'échapper à sa peine en recourant au suicide.
Questions éthiques
S'il n'existe actuellement aucune loi sur l'aide au suicide en milieux carcéral, la question est aussi éthique. Selon l'éthicienne Céline Ehrwein, "un prisonnier a le droit de se déterminer par rapport à ce qu'il veut faire de sa vie et de son corps", indique-t-elle samedi sur le plateau du 19h30. Et le suicide s'inscrirait dans cet ensemble de droits fondamentaux.
En revanche le prisonnier ne pourrait pas exiger qu'une personne vienne l'aider à se suicider, estime l'éthicienne. Cette dernière rappelle qu'initialement, la question de l'assistance au suicide dans le droit suisse est née de l'idée qu'on pouvait renoncer à poursuivre quelqu'un qui avait aidé par compassion une autre personne à mourir. "C'est un acte de compassion d'aider une personne qui souffre. C'est cela qui doit rester au coeur de la discussion".
ats/mre/fme
Trois raisons évoquées
Dans sa demande formulée à l'organisation d'aide au suicide, le détenu écrit que sa vie ne vaut plus la peine d'être vécue pour trois raisons.
D'abord, il souffre d'une maladie pulmonaire irrémédiable et qui va s'aggravant. Deuxièmement, les médecins ont diagnostiqué depuis des années chez lui un trouble mental grave et incurable.
Troisièmement, le canton de Berne lui refuse des sorties accompagnées depuis plusieurs années, ne respectant ainsi pas une décision de la Cour suprême bernoise, dit-il. Le prisonnier assimile ce refus à de la "torture psychologique", qui le prive de toute "perspective d'avenir".