Était-ce une erreur de fixer des objectifs de rentabilité à la Poste? "Je ne pense pas. Les buts étaient très clairs. Ils demandaient dans chaque domaine d'activité une rentabilité normale dans la branche. Et dans le trafic régional, la rentabilité normale c'est zéro, car les subventions sont là pour couvrir les coûts qui ne sont pas remboursés par les clients. Ca veut dire que l'on ne peut pas payer avec les subventions des bénéfices", répond Serge Gaillard, directeur de l'Administration fédérale des finances, invité lundi de La Matinale.
Des règles "discutées en 2012 et confirmées avec la direction de La Poste", selon celui qui vérifie, avec le Département fédéral des transports et de la communication (DETEC), que la Poste atteint les objectifs fixés par le Conseil fédéral.
Enquête élargie
Fedpol pourrait cependant élargir son enquête sur l'affaire CarPostal et remonter potentiellement jusqu'à la fin des années 1990. "C'est possible, des investigations sont en cours. Celles publiées commencent en 2007, mais il est possible que les irrégularités aient commencé plus tôt", précise Serge Gaillard.
"On sait ce qui a été fait comme erreur, on en a tiré les conséquences au niveau de La Poste. La Poste et CarPostal peuvent à nouveau travailler. Il faut attendre ce que les investigations de Fedpol vont apporter. Mais au niveau politique, le Conseil d'administration et Urs Schwaller ont réagi rapidement", estime Serge Gaillard.
"Qui savait? Qui ne savait pas?"
Le conseil d'administration était pourtant au courant des irrégularités. "Le contrôle interne de La Poste a rendu attentif au fait qu'on ne respectait pas la loi sur les subventions en 2012-2013. La question qui se pose c'est: qui le savait, qui ne le savait pas?", s'interroge Serge Gaillard.
"Tout a été publié, c'est étonnant que les informations ne soient pas remontées jusqu'au conseil d'administration. Pourquoi cela n'y a pas été discuté? Il y a certaines questions auxquelles on n'a pas pu répondre parce qu'on a pu analyser que les documents écrits. On n'a pas eu le droit de faire d'enquête avec les personnes, c'est Fedpol qui le fait aujourd'hui", souligne-t-il. Il ajoute aussi que "les membres du conseil d'administration qui auraient potentiellement pu voir ces rapports n'y sont plus aujourd'hui. Ils ont quitté le conseil pour permettre d'avancer".
L'Administration fédérale des finances, elle, n'a été informée que "fin 2017, comme le DETEC". "C'est intéressant, mais pas étonnant, vu que le conseil d'administration n'a pas discuté et que l'interlocuteur est le conseil d'administration. De plus, l'Administration fédérale des finances n'est pas responsable de contrôler le droit de subvention."
Propos recueillis par Coralie Claude
Adaptation web: Jessica Vial
C'est regrettable