Les Verts grignoteraient quelques point alors que le parti radical serait nettement perdant.
Ce sont les principaux enseignements du traditionnel baromètre électoral de mi-législature de SSR-Idée Suisse. Ce baromètre fait état d'un léger glissement vers la gauche de l'électorat.
Ce sondage a été effectué le mois dernier par l'Institut gfs.Bern auprès de 2125 personnes ayant le droit de vote. Sa marge d'erreur est de plus ou moins 2,2%.
Il permet de voir dans quelle mesure les partis tiennent ou non leurs promesses. Le premier point le plus saillant est le recul de un point des radicaux à 16% des intentions de vote. Le second constitue l'avance cumulée d'un point pour le camp rose vert qui passe à 32% des intentions de vote.
Ce léger glissement vers la gauche a-t-il des conséquences sur le positionnement des partis sur l'échiquier politique ?
Assez clairement car, dans le même temps, les électeurs qui se disent de droite votent de plus en plus UDC. Résultat, la polarisation s'est encore un peu accentuée depuis les dernières élections fédérales.
Les Verts se positionnent clairement plus à gauche qu'il y a deux ans; les socialistes dans une moindre mesure aussi. De l'autre côté, l'UDC a encore évolué vers la droite.
Quant au centre, il est de plus en plus déserté. Les radicaux ont un peu dérivé sur la droite et le PDC a pris le chemin inverse.
En résumé, ceux qui s'estiment de droite l'expriment dans les urnes plus clairement qu'en 2003, et vice-versa. Et aujourd'hui Verts et socialistes à gauche et UDC à droite regroupent à eux 60% de l'électorat.
Quatre types de partis
Il y a deux ans, après les élections fédérales de 2003, on avait enregistré une nouvelle victoire de l'UDC, principalement en Suisse romande, et une nouvelle défaite du PDC. On avait assisté à un glissement vers la droite de la politique suisse qui s'était traduit notamment par l'élection d'un second UDC au gouvernement. Mais l'année suivante déjà, la gauche enregistrait un certain nombre de victoires en votation populaire.
Et cette tendance au mouvement de balancier est confirmée aujourd'hui par un modeste, mais sensible glissement de l'électorat vers la gauche. Tous les électeurs qui voteraient aujourd'hui pour un autre parti qu'en 2003 le choisissent plus à gauche que le précédent.
La majorité des voix de ceux qui ne voteraient plus UDC vont aux radicaux; ceux qui abandonnent le parti socialiste voteraient maintenant vert, comme la plupart de ceux qui renonceraient à voter radical.
Plus important, encore, la majorité des nouveaux électeurs, ceux qui pour une raison ou pour une autre n'ont pas participé en 2003, mais le feraient aujourd'hui: ces nouveaux électeurs donneraient leur voix à un des deux partis de gauche, principalement au parti socialiste.
Le poids de chaque parti
Là, les enseignements du baromètre sont clairs et méritent qu'on cite des chiffres.
Le PS confirme sa lente remontée amorcée il y a 10 ans: par rapport à 2003, il gagne 0,7 points à 24%.
Les Verts enregistrent le plus gros gain: ils obtiendraient aujourd'hui 8%.
L'UDC confirme sa position de premier parti du pays, même si elle ne progresse presque plus.:27% des suffrages iraient à ce parti.
Le PDC reprend un peu de poil de la bête; il passe de 14,5 à 15%.
Les libéraux ne représenteraient plus qu'1% de l'électorat; c'est moitié moins qu'il y a deux ans.
Enfin le parti radical continue sa longue descente aux enfers entamée il y a déjà 30 ans. En 1975, un quart des Suisses votaient pour ce parti. Ils étaient encore 17,3 % en 2003: ils ne sont plus que 16% aujourd'hui. Ce n'est plus qu'un tout petit pour cent de plus que le PDC.
Insatisfaction et méfiance
Après deux ans de législature, l'arrivée de Christoph Blocher au Conseil fédéral et la modification de la formule magique, ce sondage permet aussi de se faire une idée de l'état de satisfaction des Suisses. Tous ces changements n'ont pas vraiment modifié la perception du gouvernement au sein de la population. Sur le long terme, la confiance des électeurs envers les conseillers fédéraux semble même inexorablement s'éroder.
Alors qu'en mars 2000 56% des électeurs avaient confiance dans le gouvernement et que seuls 27 des électeurs s'en méfiaient, cette tendance s'est quasiment inversée en un peu plus de cinq ans. En septembre 2005, seuls 32% des Suisses donnaient leur confiance aux sept sages. En revanche, ils étaient 52% à s'en méfier.
Fait piquant, c'est surtout l'électorat UDC qui doute du Conseil fédéral alors même que cette formation est parvenue à y propulser Chistoph Blocher. Selon Claude Longchamp, ce ne sont pas moins de 75% des partisans de l'UDC qui ne font pas confiance dans le gouvernement.
La peur du chômage
Ce manque de confiance persistant signifie-t-il que les politiques ne tiennent pas suffisamment compte des préoccupations populaires? Sur ce point aussi, le travail de l'institut gfs fournit de précieuses indications. Désormais, le thème qui préoccupe les Suisses est l'emploi, suivi par la problématique de l'asile, des assurances sociales, de la santé et des impôts. Le dossier européen n'arrive qu'en 5e position.
Le sondage montre aussi que tous les partis n'ont pas les mêmes compétences aux yeux de l'électorat (voir graphique). Dans le détail, en matière de chômage, 17% des sondés donnent leur confiance aux socialistes et 18% à l'UDC. Pour ce qui est de l'asile, 45% des électeurs font confiance à l'UDC. Fait piquant tant le PDC que les radicaux sont incapables de se profiler clairement sur une des cinq thématiques les plus importantes pour le souverain.
RSR/TSR/Silvio Dolzan/Xavier Studer
Quelle participation ?
Le taux de participation à ces futures élections pourrait être relativement important.
Aujourd'hui, près de 54% des électeurs ont l'intention de se rendre aux urnes.
Pour mémoire seuls, 45% des électeurs s'étaient rendus aux urnes en 2003... du jamais vu de puis 1975 !