Quels sont les facteurs de risques entraînant la condamnation des jeunes adultes en Suisse? L'Office fédéral de la statistique (OFS) a publié mardi pour la première fois une étude qui mesure les éléments déterminants pour les jeunes délinquants de 18 à 23 ans. Il en ressort qu'une première condamnation multiplie les risques de récidive par 5,5. Ces résultats posent la question de l'efficacité des mesures de réinsertion.
Christophe Maillard, criminologue et auteur de l'étude, a suivi un groupe de délinquants juvéniles en observant combien d'entre eux ont été condamnés à nouveau, une fois adultes. Parmi les éléments déterminants, il y a d'abord le sexe des personnes condamnées. "Les hommes présentent un risque bien plus élevé que les femmes", note-t-il.
Antécédents judiciaires lourds
Viennent ensuite le nombre d'antécédents de délinquance juvénile. Et pour finir, note le chercheur, le fait d'avoir commis une infraction contre l'autorité publique, par exemple avoir proféré des insultes ou menaces contre des fonctionnaires.
Les antécédents judiciaires pèsent donc lourd quand on mesure le risque de récidive. Faut-il en conclure que les mesures de réinsertion sont inefficaces? Reto Medici, procureur des mineurs tessinois, se montre nuancé. "C'est important de savoir que trois quarts des jeunes condamnés en tant que mineurs ne récidivent pas. Cela signifie que le droit pénal des mineurs est un bon droit, très efficace pour la plupart des jeunes ayant commis une transgression pénale", souligne-t-il.
Le travail contre les récidives
Et pour le quart restant, les délinquants récidivistes, comment diminuer les risques de récidive? "Ce que nous constatons, c'est que le fait de trouver un travail, ou commencer un apprentissage, est une médecine très efficace pour éviter les récidives. Cela donne de la stabilité, de la structure, des activités, cela ne laisse pas de vide", explique-t-il.
D'autres facteurs comme le niveau scolaire, le quartier d'habitation ou l'encadrement familial peuvent également jouer un rôle, mais ils n'ont pas pu être mesurés dans le cadre de cette étude.
Sylvie Lambelet/kkub