Les résultats de cette étude mettent à mal les préjugés sur la vieillesse et la mort. Obtenus dans le cadre d'un programme national de recherche, ils révèlent que 84% des résidents en EMS veulent continuer à vivre. Seule une petite minorité exprime un désir de mourir, mais ne souhaiterait en aucun cas accélérer le processus.
"Nous avons été surpris", explique au 19h30 le Dr Eve Rubli Truchard, co-auteure de l'étude. "Par rapport à d'autres enquêtes menées chez des personnes âgées à l'hôpital ou à domicile, les résidents en EMS se considèrent plutôt en bonne santé, bien soutenus par le personnel et ne se sentent plus comme un fardeau pour leurs proches."
Au total, les chercheurs du service de gériatrie du CHUV ont interrogé 280 résidents en homes de plus de 75 ans dans les cantons de Vaud, St-Gall et Tessin. Dans les trois régions, les psychologues ont relevé que la mort ne représentait pas un sujet tabou. "Les résidents en ont parlé facilement, ils se sont même montrés soulagés et reconnaissants que l'on aborde la question", précise Eve Rubli Truchard.
La moitié des résidents ne sont pas préparés à la mort
Dans les détails, l'étude indique que 4% des répondants disent ne pas être prêts pour la mort et ne pas l'accepter alors que 50% ne sont pas préparés mais l'accepteraient. Près d'un tiers des résidents (30%) affirment être prêts, tandis que 16% souhaiteraient effectivement mourir, mais de manière naturelle. Seul un répondant (0,4%) a confié aux chercheurs vouloir hâter sa mort.
Comment expliquer cette volonté "passive" de mort pour la minorité des résidents qui l'ont exprimée? Les scientifiques ont identifié plusieurs facteurs associés à ce désir: la dépression, des besoins spirituels non satisfaits, le sentiment de constituer un fardeau, ainsi que l'anxiété.
Par contre, le genre, le statut civil ou le nombre de maladies dont souffre la personne âgée ne semblent pas être déterminants, rapporte l'étude.
Parler de la mort
Parmi les conclusions tirées de l'enquête, les chercheurs lancent un appel au dialogue. "Un des messages principaux à transmettre, c'est qu'il est tout à fait possible de parler de la mort pour les résidents en EMS", résume Eve Rubli Truchard. Que ce soit avec les proches ou au sein d'une relation de confiance avec les professionnels de la santé.
Une bonne parole que les auteurs de l'étude ont déjà commencé à répandre. La semaine dernière, leurs résultats ont été présentés à des collaborateurs d'EMS.
Adaptation web: Tamara Muncanovic
Reportage TV: Claude-Olivier Volluz