Le MD-11 qui assurait la liaison entre New York et Genève (SR 111) avait sombré dans l'Atlantique avec à son bord 215 passagers et 14 membres d'équipage.
Les premiers éléments de l'enquête avaient orienté les recherches des causes de l'accident en direction d'un incendie à bord, probablement un feu électrique déclenché par le montage défectueux du réseau de divertissement de bord (RDB). Les pilotes avaient du reste signalé de la fumée dans le cockpit avant de tenter un atterrissage d'urgence sur l'aéroport d'Halifax.
Une année plus tard, en août 1999, l'Autorité américaine de l'aviation civile (FAA) avait annoncé avoir découvert que le mylar, matériau utilisé pour l'isolation du câblage des MD-11, ne résistait pas au feu. Mais l'origine du sinistre n'a jamais pu être clairement établie.
Au matin du 3 septembre 1998, la Suisse entière s'était réveillée sous le choc.
Jean-Claude Donzel, porte-parole de Swissair à l'époque, s'est retrouvé au premier plan, dès le coup de fil reçu chez lui peu après 4h30 du matin le 3 septembre 1998 et dans les jours qui ont suivi l'accident.
"Ma femme m'a dit: 'Viens vite, il y a un avion de Swissair qui a disparu'. Evidemment, vous êtes un peu sous le choc au départ, et après vous commencez à fonctionner selon les schémas et les exercices que nous avons eus les années qui ont précédé l'accident", se souvient-il.
Car, si l'émotion est bien là, il faut rapidement réussir à l'effacer pour assurer une communication capitale en situation de crise. "Je n'ai jamais été en contact direct avec des familles des passagers", explique Jean-Claude Donzel dans La Matinale, "parce que je ne voulais pas que l'élément émotionnel prenne le dessus, je devais rester fonctionnel."
"Dans le malheur, la communication a bien fonctionné"
Swissair avait à l'époque une réputation très forte sur le plan de la sécurité et l'accident a choqué la Suisse entière. "Cela a beaucoup changé les choses", souligne l'ancien porte-parole de la compagnie, "mais d'un autre côté, dans le malheur, la communication a bien fonctionné et Swissair a été prise en exemple par la suite par d'autres compagnies aériennes qui ont voulu gérer les situations de crise."
Le transporteur suisse a du reste été la première compagnie à donner très rapidement (2-3 jours après l'accident) une certaine somme d'argent aux familles, pour faire face aux premiers besoins.
Une série noire jusqu'au "grounding"
La perte du SR 111 a marqué le début d'une série noire pour Swissair, avec deux crashs de sa filiale Crossair et son "grounding" qui mettra fin à ses activités en 2001.
"Il y a un avant et un après" la catastrophe d'Halifax, reconnaît Jean-Claude Donzel qui évoque aussi d'autres événements en Suisse comme la tuerie de Zoug ou l'incendie dans le tunnel routier du Gothard. "Ces éléments ont fait que la population a pris conscience que des crises majeures peuvent nous tomber dessus et qu'il faut les gérer. Et la manière dont on les gère a une grande importance pour les gens qui sont concernés."
oang
Des noms connus parmi les victimes
Parmi les victimes de l'accident du SR 111 figuraient notamment l'Américain John LaMotta, fils du champion de boxe Jake LaMotta, et le responsable du programme contre le sida à l'OMS Jonathan Mann.
L'industriel suisse Dominique Burrus et son fils de 18 ans se trouvaient également à bord.
Le joueur de tennis suisse Marc Rosset, lui, était censé prendre ce vol pour rentrer de l'US Open qu'il venait de disputer, mais avait finalement décidé de repousser son retour en Suisse, annulant sa réservation au dernier moment.