Ces photos ont été prises au début du mois d'août par les combattants de l'alliance djihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS, formé de membres de l'ex-branche d'Al-Qaïda) près de la ville syrienne contestée d'Idleb.
Les photos montrent un arsenal d'armes que le HTS aurait volé lors d'une attaque contre une cellule de l'EI ennemie. On y trouve des bombes artisanales, des fusils, des ceintures explosives et des grenades suisses des types OHG92 et HG85. Plusieurs experts en armes approchés par le journal alémanique confirment que les grenades photographiées sont bien des munitions suisses, fabriquées par la société d'armement Ruag.
Passage par les Emirats arabes unis
Selon le journal, les munitions faisaient partie d'une livraison approuvée par le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) en 2003, à destination des Emirats arabes unis. Ces derniers, violant le principe de réexportation, auraient revendu les armes à la Jordanie, d'où elles seraient arrivées en Syrie en 2012.
Suite à la découverte de la réexportation vers la Jordanie, la Confédération a interdit la vente d'armes aux Emirats arabes unis, une mesure levée depuis. Le SonntagsBlick précise que la Suisse continue à livrer des armes aux Emirats, même si le Seco a des raisons de penser qu'une partie de ces armes est employée dans le conflit au Yémen.
Durant le premier semestre 2018, des fabriques d'armement suisses ont notamment vendu des munitions pour des systèmes de défense anti-aérienne, ainsi que des armes de poing destinées à des privés, pour une valeur totale de près de 10 millions de francs.
ats/ebz
Ruag condamne la présence de ses armes en Syrie
Il pourrait s'agir de grenades à main provenant d'une livraison faite aux Emirats arabes unis en 2003-2004, explique dimanche Ruag dans une prise de position. Elles auraient ensuite été acheminées illégalement en Syrie. Ruag condamne cet acte qui viole la loi et les accords conclus.
Mais pour Ruag, "il est impossible de procéder à une identification sur la seule base d'une photographie". Il faudrait pouvoir examiner le matériel en question physiquement. Une évaluation définitive ne sera possible lorsque le numéro de série ou d'autres caractéristiques identifiables seront connus.
Exportations réglementées
Quand un pays achète des armes de production suisse, il doit s'engager à ne pas les sortir du pays, à ne pas les vendre, les prêter ou les offrir. C'est ce que prévoit l'ordonnance sur le matériel de guerre. S'il existe dans le pays en question un risque élevé que cela se produise, la Suisse peut vérifier sur place que les règles sont bien respectées.
Le groupe d'armement et d'aéronautique souligne dimanche qu'il "respecte scrupuleusement la réglementation suisse en matière d'exportations". Il ne fournit du matériel de guerre qu'aux armées et aux forces de sécurité d'Etats pour lesquels la législation suisse autorise l'exportation.