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Halifax, 2 septembre 1998, le pire crash de l'aviation helvétique

Vingt ans après, le crash du SR-111 reste douloureux pour les proches des victimes
Vingt ans après, le crash du SR-111 reste douloureux pour les proches des victimes / 19h30 / 2 min. / le 2 septembre 2018
Il est 22h31 le 2 septembre 1998 quand le vol SR111 de la compagnie Swissair s'abîme en mer au large d'Halifax, dans l'est du Canada. Vingt ans après, ce drame qui a coûté la vie à 229 personnes reste très présent dans la mémoire des Suisses.

Le vol SR111, assuré par un avion McDonnell Douglas MD-11 construit en 1991, avait décollé à 20h18 de l'aéroport JFK de New York à destination de Genève. Après une cinquantaine de minutes de vol, l'équipage perçoit une odeur de brûlé. Puis de la fumée apparaît et plusieurs appareils tombent en panne.

L'avion est alors dérouté vers l'aéroport d'Halifax, en Nouvelle-Ecosse. Alors qu'il doit effectuer un demi-tour pour descendre vers le tarmac, l'équipage perd complètement la maîtrise de l'appareil et se déclare en détresse. Le contact est perdu peu après et le vol Swissair percute l'océan à 22h31, tuant sur le coup tous les passagers.

>> Revoir l'annonce du crash sur la TSR, qui avait interrompu ses programmes :

Flash spécial de 8h05: le vol Swissair 111 s'est écrasé.
Flash spécial de 8h05: le vol Swissair 111 s'est écrasé. / Le Téléjournal / 1 min. / le 3 septembre 1998

>> Voir aussi le page spéciale conçue par les archives de la RTS : Le drame du vol Swissair SR 111

Pas de certitude sur les causes

Les causes de l'incendie à l'origine du crash n'ont pas pu être déterminées avec certitude. Selon le rapport final des enquêteurs publié en 2003, il semble qu'un arc électrique sur un câble du système de divertissement ait provoqué un incendie et que le feu se soit propagé à des matériaux d'isolation situés au-dessus du poste de pilotage.

A l'époque, aucun détecteur de fumée ou dispositif d'extinction n'était installé à cet endroit. Les deux pilotes ne pouvaient donc que sentir ou voir l'incendie. Au moment où ils se sont aperçus que quelque chose brûlait, il était déjà trop tard pour maîtriser le feu. Selon le rapport d'enquête, la propagation de l'incendie a été telle qu'il était impossible de se poser à Halifax. Si les boîtes noires du vol ont été rapidement retrouvées, elles ne comportaient aucune donnée sur les dernières minutes de vol.

>> Les derniers instants du vol racontés dans le Téléjournal du 6 septembre 1998 :

Reconstitution des conversations dans le cockpit du vol SR111.
Dans le cockpit / Le Téléjournal / 1 min. / le 6 septembre 1998

La Suisse sous le choc

Au matin du 3 septembre 1998, la Suisse se réveille sous le choc pour ce qui reste le pire drame de l'aviation civile helvétique. Les proches des 215 passagers et 14 membres de l'équipage apprennent rapidement qu'il n'y a aucun survivant. Un total de 49 Suisses font partie des victimes, dont 13 membres d'équipage. Mais au-delà des familles, c'est tout un pays qui est en deuil et l'émotion demeure vive plusieurs jours après le drame.

>> Le témoignage de Jean-Claude Donzel, porte-parole de Swissair à l'époque : "Ma femme m'a dit: 'viens vite, il y a un avion de Swissair qui a disparu"

Outre la Suisse, les passagers provenaient de 21 pays, dont 118 des Etats-Unis, 44 de France et 8 du Royaume-Uni. Parmi les victimes figuraient notamment l'Américain John LaMotta, fils du champion de boxe Jake LaMotta, le responsable du programme contre le sida à l'OMS Jonathan Mann, ainsi que l'industriel suisse Dominique Burrus et son fils de 18 ans. Le joueur de tennis Marc Rosset devait lui aussi embarquer, mais avait annulé sa réservation au dernier moment.

"J'ai appris à vivre avec cette douleur"

Trois jours après le drame, Swissair avait affrété  un vol spécial et des bus pour acheminer les familles des victimes à Peggy's Cove, le lieu le plus proche du crash. Deux monuments en souvenir des victimes ont été érigés dans le petit village du bord de mer et des cérémonies s'y déroulent à chaque anniversaire.

Vingt ans après le drame, c'est toute une génération qui reste marquée par ce drame. Pour les familles, ce cap réveille évidemment un souvenir douloureux. Interrogée samedi dans le 19h30, Verena Cruchon se souvient que son fils lui avait dit qu'il avait choisi Swissair parce que c'était la compagnie la plus sûre. Et d'ajouter qu'elle a appris à vivre avec cette douleur, même si elle pense souvent à son fils.

Myron Ratnavale, qui a perdu ses parents en 1998, se rappelle lui "avoir cru à une blague" quand il a appris la nouvelle vers 4h du matin en Suisse, puis de "l'onde de choc énorme" qui a suivi. Pour lui, les 20 ans sont plus importants que les 5 ans ou les 15 ans, car "c'est une génération qui passe et c'est certainement la dernière fois que l'on parle du vol Swissair avant qu'il ne tombe dans les oubliettes".

>> Le témoignage des deux proches de victimes du crash :

Témoignage de deux proches de victimes du crash SR111
Témoignage de deux proches de victimes du crash SR111 / L'actu en vidéo / 1 min. / le 2 septembre 2018

Frédéric Boillat avec ats

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Le début de la fin pour Swissair

La perte du SR 111 a marqué le début d'une série noire pour Swissair, une société qui avait été fondée en 1931. La compagnie avec la croix suisse comme marque distinctive a ensuite vécu deux crashs de sa filiale Crossair, à Niederhasli en 2000 (10 morts) et Bassersdorf en 2001 (24 morts).

Articulé autour des aéroports de Zurich et Genève, la compagnie jouissait jusque-là d'une excellente image auprès des Suisses et était même vue comme un symbole d'unité nationale et de sûreté aérienne.

Mais SAirGroup s'est ensuite lancé dans de coûteuses acquisitions, notamment la compagnie belge Sabena, et s'est peu à peu endettée. Pour la première fois de son histoire, elle a enregistré une perte de près de 2 milliards en l'an 2000.

Plus en mesure de payer ses factures, Swissair a connu un "grounding" retentissant le 2 octobre 2001 et l'immobilisation au sol de sa flotte de 76 appareils a signé la fin de l'activité de la compagnie helvétique emblématique.

Le 1er avril 2002, Swissair a cessé officiellement d'être exploitée et la nouvelle société Swiss, filiale de l'allemande Lufthansa, a pris sa suite.