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Les médias ne donnent pas assez la parole aux musulmans, selon une étude

Une famille musulmane prend le petit-déjeuner avant le lever du soleil, pendant le mois de ramadan. (image d'illustration) [Keystone - Martin Rütschi]
La presse suisse ne donne pas assez la parole aux musulmans / Le 12h30 / 1 min. / le 3 septembre 2018
La majorité des articles de la presse suisse parlent des musulmans en se focalisant sur la radicalisation et le terrorisme, et sans leur donner la parole, selon une étude de l'Université de Zurich publiée lundi.

L'étude de l'institut fög de l'Université de Zurich, publiée par la Commission fédérale contre le racisme (CFR), a passé en revue 18 publications alémaniques, romandes et tessinoises. Elle fait le constat que la couverture médiatique des musulmans de Suisse se focalise de plus en plus sur la radicalisation et le terrorisme (54% des articles).

Ces thèmes créent de la distance vis-à-vis des communautés de ce pays, ainsi qu'une tendance à la généralisation. Entre 2009 et 2017, les articles créant de la distance par rapport aux musulmans sont passés de 22% à 69%, souligne l'étude. A l'inverse, seul un infime pourcentage des traitements porte sur l'intégration réussie (2%) et le quotidien des musulmans (2%), soit la vie de la majorité des musulmans de Suisse.

Pas voix au chapitre

Autre problème de poids: les musulmans n'ont que rarement voix au chapitre. Dans 55% des articles, les journalistes parlent d'eux sans leur donner la parole et, dans 25%, ils ne leur donnent la parole qu'en marge de l'article. Et lorsque l'on donne parfois la parole à des musulmans, tout se passe comme s'ils devaient se justifier pour des actes qu'ils n'ont pas commis.

"On les somme de se désolidariser de choses dont ils ne sont de toute façon pas solidaires, ni directement impliqués", explique Martine Brunschwig-Graf, présidente de la CFR. "Il y a aussi le fait qu'on ne leur donne pas directement la parole pour des aspects plus factuels ou positifs. Et ils sont très souvent objets de rapports médiatiques, et peu souvent sujets. Cela pose une série de problème sur la façon dont ils sont perçus ensuite."

Cette étude de la couverture médiatique des musulmans de Suisse résonne avec d'autres publications de la CFR, l'une portant sur le racisme anti-noirs et l'autre sur les communautés des gens du voyage.

Simon Corthay/kkub

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Différences entre les médias

Des différences notables existent entre les médias dans la stigmatisation des musulmans. Dans la Weltwoche, 84% des articles créent une distance. Cette proportion descend à 63%, respectivement 59%, pour les journaux populaires le Sonntagsblick et le Blick. Chez les quotidiens d'informations payantes, comme Le Temps ou la NZZ, le pourcentage est largement plus faible, à 31%.

"Cette différence s'explique par la logique de la presse populaire, davantage axée sur le négativisme et le scandale et, dans le cas de la Weltwoche, par le positionnement idéologique du journal", expliquent les auteurs de l'étude.