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Unia au coeur d'une polémique après la publication d'une annonce fictive

La page d'accueil de "Meyer Info", le site de l'entreprise créée de toutes pièces par Unia pour sa campagne de communication sur les inégalités salariales. [RTS]
Unia publie une fausse offre d'emploi pour dénoncer l'inégalité salariale / Forum / 7 min. / le 5 septembre 2018
Pour "attirer l’attention sur le scandale" de l'inégalité salariale en Suisse, le syndicat Unia a publié une fausse offre d'emploi proposant un salaire plus élevé pour les candidats hommes. La méthode employée suscite la controverse.

Fin août, la pseudo-société Meyer Info publiait une offre d'emploi d'assistant-e RH avec une rémunération différente selon le sexe du candidat: 80'000 francs pour un homme et 64'000 francs pour une femme, soit 20% de moins.

Un chiffre qui n'est pas anodin, puisque c'est aussi l'écart salarial moyen entre hommes et femmes dans le secteur privé en Suisse. L'annonce "provocatrice" était fausse, confirme mercredi Unia dans un communiqué publié après plusieurs jours de silence. Par cette action, le syndicat a voulu "mettre en évidence un problème existant dans de nombreuses entreprises", écrit-il sur son site internet.

"Fake news" et "moyens chocs"

L'opération de communication a fait réagir, notamment sur les réseaux sociaux où certains approuvent la méthode, tandis que d'autres reprochent à Unia de publier des "fake news".

D'ailleurs, certains médias ont relayé la fausse annonce. Dans le Matin.ch, qui a par la suite supprimé puis actualisé son article, la conseillère nationale socialiste Rebecca Ruiz y dénonçait spontanément une différence de salaires "sidérante et scandaleuse".

Mercredi, la Vaudoise est revenue sur cette affaire: "Je ne suis pas convaincue de la méthode" employée par Unia, a-t-elle déclaré à la RTS, ajoutant qu'il existe "de nombreux exemples d'inégalités vécues par les femmes dans la réalité" sans avoir besoin d'en créer.

Une méthode qualifiée de "déloyale" par la plate-forme web L'Affranchi, qui retrace l'historique de ce "bad buzz".

De son côté, le président des jeunes PLR neuchâtelois Nicolas Jutzet s'est montré ironique sur Twitter en faisant allusion à Donald Trump et les "fake news".

A l'inverse, d'autres voix se sont élevées pour "valider" la fausse campagne d'Unia. "Dénoncer les inégalités salariales, par des moyens chocs, parce que ce qui devrait choquer, ce sont ces inégalités. #equalpay", a par exemple tweeté lundi la députée verte au Grand Conseil vaudois Léonore Porchet.

"La méthode est assez forte, mais il faut comprendre pourquoi: il y a de quoi être impatient aujourd'hui", a abondé mercredi le socialiste Mathias Reynard dans l'émission Forum. Les écarts de salaires sont "une honte pour les femmes de notre pays", a ajouté le conseiller national valaisan.

Egalité salariale débattue au Parlement

Unia ne s'est-il pas tiré une balle dans le pied en voulant "faire le buzz"? Le syndicat s'en tient pour le moment à son communiqué et annonce une conférence de presse pour le 11 septembre.

Mais le risque existe, car la campagne de communication n'a pas tardé à être récupérée politiquement par les sceptiques des inégalités salariales. Ces derniers sous-entendent que, si un grand syndicat comme Unia doit produire de fausses annonces, c'est que les inégalités n'existent pas.

Cette polémique intervient à quelques semaines d'un vote crucial au Parlement. Le Conseil national discutera le 24 septembre de la révision de la loi sur l'égalité, qui prévoit de soumettre tous les quatre ans les entreprises de plus de 50 ou 100 collaborateurs à un audit externe sur l'égalité des salaires.

Texte web: Stefan Renna

Sujet radio: Alexandra Richard

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