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Le soutien aux initiatives alimentaires en forte chute, selon un sondage SSR

Sur le marché de la plaine de Plainpalais, à Genève, le 26 août 2018. [Keystone - Martial Trezzini]
Le soutien aux textes sur l'alimentation en chute, selon un sondage SSR / La Matinale / 2 min. / le 12 septembre 2018
Les citoyens accepteraient les trois objets fédéraux soumis au vote le 23 septembre s'ils se prononçaient aujourd'hui, selon le deuxième sondage SSR. Mais les opposants aux deux initiatives sur l'alimentation ont le vent en poupe.

Partis très forts en début de campagne, les partisans de l'initiative pour des aliments équitables perdent du terrain, indique mercredi la deuxième enquête SSR réalisée par l'institut gfs.bern. Avec 53% d'opinions favorables, leur avance n'est désormais plus que de 8 points.

Le soutien à ce texte a fondu depuis la première enquête, réalisée début août. Il y a un mois, 78% des sondés se disaient favorables à cette initiative qui demande à la Confédération de renforcer l'offre de denrées alimentaires sûres et de bonne qualité. Les intentions de vote pour le non étaient de 20% seulement.

En termes d'affiliation politique, les fronts se polarisent. A l'heure actuelle, les électeurs proches des Verts et du PS se prononcent en faveur du texte, tandis que les sympathisants du PDC, du PLR et de l'UDC le rejettent, suivant en cela les recommandations des partis. Les sans-partis sont, eux, très partagés (45% de pour, 46% de contre).

Le soutien à l'initiative s'érode dans toutes les régions linguistiques, mais reste nettement majoritaire au Suisse romande (71% de oui, 26% de non). En Suisse allemande (48% de oui, 50% de non) et en Suisse italienne (49% chacun), les deux camps sont au coude à coude. Les femmes et les jeunes sont les plus enclins à accepter le texte.

Chez les partisans de l'initiative, l'argument prônant un élevage adapté aux animaux même en dehors des frontières est celui qui convainc le plus (70%). Le risque de conflit avec les partenaires commerciaux (68%) et les craintes de renchérissement des denrées alimentaires (59%) sont les plus porteurs chez les opposants.

Même évolution pour la souveraineté alimentaire

Les citoyens devront se prononcer sur une autre initiative relative à l'alimentation le 23 septembre: le texte d'Uniterre pour une souveraineté alimentaire, qui exige une agriculture écologique, sans OGM et tournée vers la production locale. Les intentions de vote vis-à-vis de ces deux projets sont fortement corrélées, explique gfs.bern. L'évolution de l'opinion est donc identique.

A quelques semaines du scrutin, les partisans déclarés du projet (49%, -26 points) devancent encore très légèrement les opposants (46%, +24 points). En un mois, les intentions de vote favorables au texte ont toutefois perdu pas moins de 26 points, tandis que le non s'est renforcé dans la même proportion, ou presque (+24 points).

Les opposants les plus déterminés à l'initiative pour une souveraineté alimentaire se trouvent parmi les sympathisants du PLR, qui sont 67% à rejeter le texte. Le non est également majoritaire au sein des partisans de l'UDC et du PDC, alors que l'électorat de gauche et les sans-partis se montrent toujours favorable aux propositions d'Uniterre.

L'érosion du soutien est particulièrement marquée en terres alémaniques (-30 points) et francophones (-21 points). Deux tiers des Romands restent néanmoins convaincus par le projet, alors que 28% s'y opposent. Les italophones sont toujours favorables au texte (52% de oui, 44% de non), à l'inverse des Suisses allemands qui changent de camp (44% de oui, 49% de non).

L'argument le plus porteur des partisans se révèle être la nécessité de protéger les terres agricoles pour les générations futures (91% de sondés favorables) et le renforcement de la production locale (74%). Quant aux opposants, ils s'avèrent plus convaincants quand ils évoquent le libre choix des consommateurs (78%) ainsi que la crainte d'une hausse des prix et d'une augmentation du tourisme d'achat (67%).

Le soutien au vélo se renforce

Contrairement aux deux objets précédents, le soutien à l'arrêté fédéral sur les voies cyclables se renforce. Alors que 64% des sondés y étaient favorables il y a un mois, ils sont désormais 69% à soutenir le contre-projet à l'initiative de Pro Velo, qui veut inscrire la petite reine dans la Constitution fédérale. L'opposition s'élève à 25% (- 1 point).

Les clivages politiques sont très peu marqués, le gauche et la droite soutenant toutes deux le texte, quoique dans une moindre mesure du côté bourgeois. Seuls les électeurs de l'UDC ne sont pas majoritairement favorables (46% de oui, 45% de non) à accorder une compétence en matière de pistes cyclables à la Confédération.

Aucun clivage linguistique non plus, la majorité des sondés de Suisse romande (73%), de Suisse alémanique (69%) et de Suisse italienne (54%) acceptant le projet. Jeunes ou moins jeunes, personnes ayant suivi des études supérieures ou non, femmes ou hommes: toutes les catégories de la population soutiennent également l'arrêté fédéral.

Dans le camp du oui, la réduction des importantes différences régionales en matière de développement des pistes cyclables (73%) et la décongestion des autres moyens de transport (73%) sont les arguments les plus porteurs. La meilleure capacité des cantons et des communes à répondre aux attentes des cyclistes au niveau local convainc les opposants (58%).

Vers un oui et deux non

Si l'évolution des intentions de vote se poursuit de la même manière, seul le contre-projet à l'initiative de Pro Velo devrait passer la rampe le 23 septembre, relève gfs.bern. En effet, même si le oui est encore devant, la tendance vers le non est "nette" pour les deux initiatives sur l'alimentation, note l'institut. "Pour autant, le scénario d'un infléchissement (de cette tendance) ne peut pas totalement être exclu", conclut-il.

>> Les résultats du premier sondage SSR : Les initiatives sur l'alimentation séduisent les Suisses, selon un sondage SSR

Didier Kottelat

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Méthodologie utilisée

Mandatée par la SSR, la deuxième session de l'enquête Trend de l'institut de recherche gfs.bern en vue des votations du 23 septembre 2018 a été réalisée entre le 29 août et le 5 septembre 2018 auprès de 1400 titulaires du droit de vote sélectionnés de manière représentative. La marge d'erreur est de +/-2,7 points de pourcentage.

Le sondage publié mercredi n'est pas une prévision, mais un instantané de l'opinion à quelques semaines du scrutin. La comparaison avec les résultats de la première vague de l'enquête permet toutefois de dégager des tendances, indique gfs.bern.

Si ces objets fédéraux avaient été soumis au peuple cet été, la participation se serait élevée à 43%, en légère hausse par rapport au premier sondage publié le 17 août (40%), précise l'institut.