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Jean-Claude Juncker somme la Suisse de conclure un accord avec l'UE

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le 13 septembre 2018. [RTS]
Jean-Claude Juncker ne veut pas d'un accord "light" avec la Suisse / L'actu en vidéo / 2 min. / le 13 septembre 2018
"Je veux un accord d'ensemble": interrogé jeudi par la RTS, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a balayé l'idée d'un accord "light" avec la Suisse tel que l'envisage le Conseil fédéral.

Concernant l'accord institutionnel négocié avec la Suisse, Jean-Claude Juncker douche les espoirs helvétiques d’une négociation par étapes ou d'un accord "light". "Je suis contre le saucissonnage", déclare le Luxembourgeois, ajoutant que "les Etats membres ont des idées arrêtées sur le sujet".

Pour le président de la Commission européenne, le temps presse pour la Suisse, car après lui, "ça pourrait être franchement mauvais". "Négociez avec moi, concluez avec moi, parce que d'ici une année je ne serai plus là et vous allez voir", assure Jean-Claude Juncker.

>> Lire aussi : Ignazio Cassis envisagerait une version light de l'accord-cadre avec l'UE

"Faites-le maintenant"

Le dirigeant européen estime aussi qu'il faut "régler une fois pour toutes les relations entre la Confédération et l'Union européenne et je vous le redis: 'Faites-le maintenant'".

Jean-Claude Juncker explique en outre que la Suisse doit régler son cas avant le Brexit: "Le temps presse parce que nous sommes en train de négocier avec le Royaume-Uni. Je ne veux pas qu'une négociation 1 empiète sur une négociation 2, ça va compliquer notre démarche des deux côtés."

Pas d'illusions sur une adhésion de la Suisse à l'UE

Quant à une possible adhésion, un jour, de la Suisse à l'Union européenne, le président de la Commission avoue avoir changé d'avis, "car foncièrement les Suisses veulent rester indépendants."

Jean-Claude Juncker sur la Suisse
Jean-Claude Juncker à la Suisse: "Concluez l'accord avec l'UE, le temps presse" / Info en vidéos / 6 min. / le 16 septembre 2018

Evoquant ses connaissances de la Suisse, l'ancien Premier ministre luxembourgeois révèle avoir modifié ses habitudes de vacances après le vote des Tessinois. "Je n’ai pas aimé le vote des Tessinois, très à droite", juge-t-il. »

Le président de la Commission européenne s'exprimait sur la RTS au lendemain de son dernier discours sur l'état de l'Union et au lendemain d'une rencontre à Paris entre Emmanuel Macron et Alain Berset durant laquelle les deux présidents ont aussi évoqué les relations entre la Suisse et l'UE.

>> Retour sur les rapports politiques entre Jean-Claude Juncker et la Suisse dans le 19h30 :

Jean-Claude Juncker, Président de la Commission européenne, et ses rapports compliqués avec la Confédération helvétique.
Jean-Claude Juncker, Président de la Commission européenne, et ses rapports compliqués avec la Confédération helvétique. / 19h30 / 1 min. / le 13 septembre 2018

>> Lire aussi : L'Europe doit devenir "un acteur global", plaide Jean-Claude Juncker et Reçu à l'Elysée, Alain Berset réaffirme la volonté suisse face à l'UE

>> L'entretien intégral sera diffusé dimanche dans l’émission Pardonnez-moi

Darius Rochebin/boi

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L'entretien intégral avec Jean-Claude Juncker

"Mon père, victime de guerre, enrôlé de force dans la Wehrmacht, m'a tout appris"

Jean-Claude Juncker se confie sur les origines de son engagement européen. Il évoque la mémoire de son père, enrôlé de force dans la Wehrmacht. Le Luxembourgeois lie sa conscience européenne à son enracinement dans le petit Etat. "Nous avons beaucoup souffert, dans notre histoire, de nos deux grands voisins, Français et Allemands. J'ai très vite compris qu'il fallait s'entendre avec tous ceux-là." Jean-Claude Juncker répond aussi aux accusations personnelles sur ce que certains appellent une "fin de règne".



"Salvini peut être dangereux s'il n'y a pas de réaction"

Jean-Claude Juncker promet que l'Europe "est trop forte" pour être brisée par la poussée nationaliste mais il met en garde notamment contre le ministre de l'Intérieur italien Mateo Salvini.



"Le souvenir de la guerre n’est pas un argument dépassé"

Avec Guillaume Klossa, ancien sherpa au Conseil européen, auteur de "Une jeunesse européenne", le président de la Commission européenne poursuit un dialogue sur les fondements de l'Union. L'Union européenne s'est fondée sur les ruines de 1945. Sa justification d’alors est-elle encore d'actualité? "Je continue à revendiquer sans cesse le souvenir de la guerre", dit Jean-Claude Juncker, qui estime que l'UE explique l'absence de conflit en Europe depuis 1945: "Il y a des dizaines de guerres ailleurs dans le monde!"



"Dans mon discours de l'Union j'ai moins parlé anglais. C'était voulu"

Jean-Claude Juncker évoque le rôle de la culture dans l'intégration européenne. Il souligne l'importance des langues dans les rapports humains, malgré tous les progrès à venir de la traduction et de l’interprétation numériques. Le français reprendra-t-il plus d'importance, maintenant que le Royaume-Uni quitte l'Union? Le président de la Commission juge que l'anglais restera la langue d'usage universel mais il avoue avoir donné un signal dans son discours sur l'Etat de l'Union, en parlant davantage français qu'anglais.